Endurance ou compétition, douceur et performance

 

Deux machines qui n’ont que deux points en commun. Leur tarif proche et leur marque, Wilier Triestina. Deux machines de très haut niveau qui s’adressent à deux types de pratiquants, le coursier avide de performance et le cycliste désireux de se faire plaisir. Dans les deux cas, les vélos que vous avez sous vos yeux sont parmi les meilleurs de leur catégorie. Mais lequel choisir ?

Un vélo pour quoi faire ?

La pratique du vélo évolue. S’il y a quelques années encore, le choix d’une belle bicyclette passait par l’acier et le sur-mesure, on voit depuis dix ans l’arrivée d’un nouveau type de machines appelées « endurance » et d’une pratique jusque-là restée sans nom, le cyclosport.

Les pratiquants, eux, sont toujours les mêmes, seulement maintenant ils ne sont plus forcément rangés dans la seule et unique catégorie des « coureurs ». Les coureurs cyclistes,pour qui on fabriquait les plus beaux et les plus chers des vélos, des vélos de course, évidemment. Course au premier sens du terme. Alors pour les autres, il fallait souvent se contenter de machines dures et inadaptées. Cela a même empiré avec l’arrivée du carbone et la disparition du sur-mesure. Alors ces cyclos qui rêvaient de vélo de « pro » roulaient en fait sur des machines pas du tout à leur niveau…

On a tant décrié le marketing omniprésent. Celui des grosses marques américaines, allemandes ou taïwanaises, mais force est d’avouer, avec le recul de ces dernières années, que l’arrivée en masse de ces nouveaux vélos plus confortables et plus faciles à emmener a certainement été bénéfique pour la plupart d’entre vous. Vous forcer à changer de monture ? Oui, mais c’est plus compliqué. Si vous ne l’avez pas remarqué, si vous n’avez pas les jambes d’un coureur de première catégorie, vous êtes certainement plus performant sur un vélo d’endurance.

Mais à votre niveau, qu’est-ce que la performance ? Rouler à 27 km/h au lieu de 25 ? Monter le Mont Ventoux sous les deux heures ? Rentrer moins fatigué ? Tout ça à la fois !

Et votre vélo doit être capable de vous aider dans tous ces domaines. Car quel intérêt de rouler les deux premières heures à 30 km/h si vous terminez la fin de votre sortie fatigué, cuit et rentrez chez vous à 20 km/h ?

Côté technique

Sans aucun doute, nous avons affaire à deux cadres très haut de gamme. Très technologiques aussi, même si pour le Zero.6 cela se voit moins. Ou comment user de technologies très différentes sur un cadre de vélo selon Wilier. Car si proposer un vélo endurance était autrefois synonyme d’entrée ou de milieu de gamme, aujourd’hui ce type de machine se veut autant sinon plus travaillé que le traditionnel vélo de compétition.

Alors que le vélo de coursier se doit d’être léger, rigide et réactif, on ajoute pour l’endurance la capacité à évoluer sur de longues distances sans fatiguer (à des vitesses moindres), avec en prime le confort et la filtration de la chaussée qui se doivent d’être de premier plan. Difficile de concilier tout cela sans avoir recours à des solutions techniques et technologiques très poussées.

Et en regardant le Cento 10 NDR, cela transparaît tout de suite. Tout d’abord, il ressemble à une bête de course. Les traits inspirent vitesse et performance. Pourtant il est doté d’une fibre de carbone censée éliminer les vibrations et d’un élastomère qui joue le rôle d’amortisseur en désolidarisant les haubans du reste du cadre. À côté de cette débauche de technicité, le Zero.6 semble frêle et date un peu. Sa ligne est (trop) classique et ne tombe pas dans la tendance actuelle qui tape à l’oeil. Lui vise le gain de poids absolu, le rapport poids/rigidité.

Disques ou pas ?

La question se pose, évidemment. On constate aujourd’hui que la plupart des machines de compétition à l’instar de notre Zero.6 sont équipées de freins classiques à étriers qui pincent la jante tandis que les vélos dits d’endurance sont eux largement équipés de freins à disques. Étonnant si l’on songe qu’en compétition, le disque pourrait jouer de ses qualités de puissance et d’endurance, mais il est encore largement décrié par les coureurs qui pourraient pourtant en tirer un large bénéfice. Malheureusement, le surpoids est là…

Ce sont donc les cyclosportifs qui usent des avantages ou inconvénients du disque. Ceux-là même qui à la base ne font pas des moyennes élevées ou ne prennent pas de gros risques dans les descentes. Ils profitent de plus de confort de freinage, c’est indéniable ! Alors s’il est acquis que quasiment toutes les machines d’endurance sont à disques, il faudra certainement encore quelques années pour que les vélos de coureurs en soient aussi équipés.

À l’usage, deux machines bien différentes !

Comparer un vélo de course ultraléger et un vélo dédié au confort et à la pratique longue distance ? Oui, ils sont affichés à des tarifs similaires. Et ce qui vaut pour ces deux vélos top de gamme vaut aussi pour les entrées ou milieux de gamme. Même combat : que choisir ?

On commence par le plus ancien du type, le vélo de compétion.

Très léger, il est aussi très rigide. Si certains ont adopté les nouveaux postes de pilotage monobloc en carbone, Wilier a choisi pour son Zero.6 le gain de poids. Et les coureurs adorent ça, un vélo léger. En selle ça ne manque pas, c’est l’explosion des sens. À chaque coup de pédale, le vélo part comme une balle. Il accepte sans broncher n’importe quel braquet et tous les types de pédalage mais il se satisfait surtout d’une vitesse élevée. Au-dessus de 30 km/h c’est bien, en dessous il ne se passe pas grand-chose. Même chose en côte, il vaut mieux avoir trouvé son rythme de croisière, assez élevé si possible.

Une baisse de régime ? Tâchez de vous remettre rapidement, car ce type de machines ne pardonne pas. En tout cas, il faut en garder un peu. Vous allez me dire que les derniers vélos de course (dont notre Zero.6) ont fait de gros progrès et sont devenus plus faciles à utiliser. Oui, et nous l’écrivons à longueur d’année.

Mais rien de comparable avec la facilité d’une machine dédiée…

Et le Cento NDR ne faillit pas à la règle. Dès la mise en selle, il offre beaucoup d’aisance. Je dirais même de l’onctuosité, bien aidé par sa transmission électrique et son freinage hydraulique. Là où le vélo de compétition s’accommode très bien d’une transmission mécanique plus « virile », le vélo de cyclosport se pilote avec une grande douceur. Un peu comme si votre voiture possédait une direction à assistance variable, une suspension pneumatique, une boîte automatique et des sièges chauffants. À vous le tour du monde !

Alors oui, les gros pneumatiques de 28 mm grèvent le comportement mais ils permettent de rouler à vitesse stabilisée sans effort et de profiter d’une tenue de route très sécurisante. C’est surtout qu’ils sont avares sur la remontée d’informations de la chaussée en absorbant pratiquement toutes les irrégularités. Vous pouvez toujours les remplacer par des 25 mm une fois les beaux jours arrivés. Sans grosse perte de confort !

La véritable question de l’utilisation de ce type de machine se situe en bosse. Accusant quand même près d’un kilo supplémentaire sur la balance par rapport au Zero.6, le NDR ne peut évidemment pas rivaliser. Mais si vous ne vous prenez pas pour Marco Pantani, ce n’est pas un problème. Calé à votre vitesse, vous escaladerez n’importe quelle difficulté. Et dans la descente, vous serez toujours devant. Le choix des roues DT-Swiss Spline est plein de sens. Leur profil passe partout, s’adapte à tous les terrains et leur rigidité conséquente permettra de contenter même les plus lourds.

De son côté, le confort est de très haut niveau. Et pour être clair, il n’a rien à voir avec le Zero.6. D’un côté nous avons un vélo assez dur, cassant et ne pardonnant pas une baisse de régime et de l’autre, le NDR se montre prévenant, doux et sécurisant. Sans oublier la performance, car ses lignes aérodynamiques ne le cachent pas, il sait très bien rouler vite.

Ne pas se tromper

Plus que jamais, il ne faut pas faire d’erreur. Car quel que soit votre budget, vous aurez très certainement le choix entre les deux types de vélos. Identifiez bien votre pratique.

Si vous êtes un coureur, la question ne se pose pas. Mais si vous entrez dans la catégorie des « cyclos », alors il faudra peser le pour et le contre de chacune des offres. Car comme le montre cet essai, un vélo endurance tel que le Cento NDR est parfaitement capable d’encaisser le rythme élevé d’une cyclosportive, même pour jouer aux avant-postes. Et il se montrera plus agréable à rouler la majorité du temps que son homologue course.

Les grimpeurs rétorqueront qu’ils n’ont que faire du confort et ils auront raison. Nous conseillons aux afficionadosde la montagne de se tourner vers le vélo de compétition (attention tout de même de ne pas tomber sur un modèle trop difficile) qui sera bien meilleur dans les ascensions.

Attention aussi à ne pas oublier que la géométrie de ces machines est bien différente. Agressive sur le vélo de course, vous serez posé plus haut, et plus court sur le vélo d’endurance.

Quoi qu’il en soit, si vous trouvez votre vélo actuel trop dur ou inadapté, il n’est jamais trop tard pour en changer !

Cento 10 NDR : Shimano Dura-Ace DI2, DT Swiss Spline – 7,2 kg – 10 300 euros

Zero.6 : Campagnolo Super Record – Campagnolo Shamal Mille – 6,3 kg – 10 100 euros 

Renseignements : www.wilier.com/fr 

 

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