Édito Juillet 2020

Monde d’avant et monde d’après

par | Juin 29, 2020 | Editos

Vélo d’avant et vélo d’après

Les routes d’entrainement et de liberté sont à nouveau ouvertes, le peloton pro va bientôt reprendre son cirque lancinant, le marché du vélo explose littéralement. Alors le vélo d’après va-t-il ressembler à s’y méprendre au vélo d’avant ? Avec ses 95% de production asiatique quel que soit le label marketing…
Plus qu’une question, un concept existentiel à réinventer. D’autant que les cyclistes consommateurs devraient logiquement se transformer en cyclistes citoyens. Possible ? Impossible ? Les acheteurs de vélos, de composants et d’équipements vont-ils désormais se poser la question de l’origine de leur achat ? Et vont-ils enfin faire le bon choix à l’heure du nécessaire retour aux vraies valeurs ?
Chacun sait aujourd’hui pertinemment que la défense de la nature et la défense de l’emploi sont liées par la même causalité mélancolique et vaine. Avec des scandales absurdes évidents comme le fait d’importer d’Asie des vélos que nos constructeurs européens pourraient tout à fait fabriquer. Le comble étant l’invraisemblable pollution provoquée par les navires géants qui ramènent les milliers de containers pleins de vélos et de composants. Chaque navire polluant en 10 heures de navigation plus que 1500 voitures diesel en une année de fonctionnement non-stop.
Le cyclisme sport nature ? De qui se moque-t-on ? Et de qui se moque-t-on aussi lorsque l’on ose parler de nouveau boum économique alors même que des marques françaises et européennes de prestige disparaissent ou se renient dans l’indifférence coupable des pouvoirs publics et pire encore des pratiquants ?

Des Champions de légende comme Jacques Anquetil ou Bernard Hinault roulaient sur des vélos Gitane. D’autres, comme Bernard Thévenet ou …Eddy Merckx, sur des vélos Peugeot. Tous utilisaient des composants français ou italiens. Tous ! Qui s’en souvient ? Qui s’en préoccupe ? A croire que les cyclistes sont non seulement privés de bon sens mais aussi et surtout de mémoire.
Mon ami Brice Lalonde, précurseur du combat écologique avec le grand René Dumont, me disait souvent que l’écologie est un concept citoyen de la société qui ne peut se concevoir qu’au travers d’une prise de conscience globale. Il en va de même évidemment pour l’économie européenne désormais explosée par les théoriciens fous de la mondialisation.
Alors au moment de prévoir l’achat de votre nouveau vélo, de votre nouvel équipement, songez au réflexe citoyen européen. Et ne vous laissez plus berner par des effets de manches marketing qui vous annoncent un matériel français, italien, allemand ou américain alors même que le matériel en question est produit essentiellement en Asie.
Et le prix direz-vous ? Faux problème ! Vous payez au même tarif un vélo pseudo américain qu’un authentique vélo 100% made in Europe. Allez voir chez Victoire, chez Passoni, chez Basso, par exemple. Et refusez le diktat insupportable des « product-managers » qui imposent une scandaleuse uniformité des montages.
Le vélo d’après ne doit plus ressembler au vélo d’avant. Une évidence si l’on veut tout à la fois sauver la planète et réinventer l’économie autours de la notion de proximité. Chiche ??

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