
Le crépuscule à l’affût se dissimule
dans un paradis de vitraux.
Le rose virtuose
dérange l’orange
et mélange le rouge.
Le soleil est dans l’eau.
La nuit est là trop tôt.
« … » Reflet d’éternité.
C’est à travers ces mots du peintre-poète Charles-Louis La Salle que je me représentais Tahiti et ses îles. Sans jamais y avoir été, mais en l’ayant maintes fois rêvé.
Et puis un matin je me suis réveillé, l’océan me faisait face et le soleil qui se reflétait dans l’eau à perte de vue réchauffait mon esprit. J’étais bien là, à Moorea, je vivais ce moment. Pleinement.
C’était il y a quelques jours et je n’ai rien perdu de l’intensité de cette découverte…
Depuis, je suis un être différent et je ne rêve que d’une chose, y retourner. Avec mon vélo encore une fois, histoire de parcourir de nouveau ces routes ô combien attachantes.
En arrivant à Tahiti, on pleure de fatigue car le voyage est très long. Et en repartant on pleure de nouveau pour ne pas oublier tous ces souvenirs car notre esprit reste comme emprisonné sur place. Comme dans un célèbre proverbe du Nord de la France. La comparaison s’arrête là…
Paul Gauguin et Jacques Brel ne s’étaient pas trompés, eux qui avaient quitté la métropole pour s’installer en Polynésie, suivis par le héros local, Joe Dassin.
Faire du vélo à Tahiti, et pourquoi pas ?
Si Tahiti et la Polynésie française sont une destination de choix pour les vacances, on ne pense pas à aller pédaler là-bas. Avec certainement comme prétextes un voyage très long et trop éprouvant, la peur d’abimer son vélo dans l’avion et le manque de connaissance du terrain. Et pourtant Tahiti et Moorea sont particulièrement adaptées aux parcours cyclistes.
Bien que le plus haut sommet de Tahiti culmine à plus de 2 000 mètres (Mont ‘Orohena à 2 241m), il n’y a pas de cols routiers. Mais vous pouvez tout à fait effectuer le tour des îles et bénéficier d’une vue fantastique sur l’océan Pacifique, il y aura toujours une route pour longer la côte. Pour les grimpeurs, sur Moorea la montée du Belvédère s’étale sur environ cinq kilomètres et offre de beaux pourcentages. Votre serviteur a pu s’y confronter après un tour de l’île ponctué par la découverte de paysages extraordinaires. Rien à dire sur l’état des routes, très convenable.
Bien qu’il n’y ait pas de permis à points ni de contrôle technique à Tahiti, les locaux sont plutôt respectueux des cyclistes. Remarquez, ça ne peut être pire qu’en métropole !
Pensez toutefois à emporter un peu de matériel de rechange car une fois sur place, il ne sera pas aisé de trouver une chaîne ou un boyau.
Pour le reste… foncez !
La Ronde Tahitienne
Née en 2011 et fruit du rêve de Benoît Rivals, la Ronde Tahitienne est la première cyclosportive organisée sur le sol polynésien.
Labélisée « Eco Cyclo », elle est l’épreuve française la plus éloignée de métropole avec ses quelque 15 000 km de distance entre Papeete et Paris.
Cette année, plus de 700 participants (dont plus de la moitié d’autres continents) étaient massés sur la ligne de départ (et d’arrivée) à Papeete. Alors que la présence de Thomas Voeckler et d’Henri Sannier, parrains de l’épreuve, enchantait les locaux, la tradition était cependant respectée avec des danses et chants tahitiens qui ont émerveillé les visiteurs. Qu’ils soient américains, chinois, japonais ou… vauclusiens. L’accueil des cyclistes du cru est incroyable et, contrairement à certaines cyclosportives « continentales », la bonne humeur prédomine à Tahiti.
Chaque participant reçoit le maillot de l’épreuve aux couleurs des différents sponsors, de quoi avoir un peloton aux couleurs de la Polynésie. Imaginez 700 cyclistes réunis au milieu du Pacifique, c’est ça la Ronde Tahitienne !
Côté parcours, le col du Taharaa est la principale difficulté. Long d’un peu plus d’un kilomètre, il se passe sur le grand plateau après 10 kilomètres de course. Au sommet les enfants de Papeete nous jettent des fleurs et nous encouragent, comme si nous étions tous des champions. L’ambiance est bien là…
Le reste du parcours en bord de mer permet de profiter de la magnifique vue tout en bénéficiant du rafraichissement que procurent les embruns de l’océan. Le retour se fait par la même route avec une seconde montée du Taharaa, peu avant l’arrivée. L’occasion de se détacher, pour lever les bras, seul sur la ligne.
L’organisation est impeccable, le public est là au bord de la route et, pour peu que le Mara’amu (le vent local) se fasse oublier, vous ne souffrirez pas des difficultés du parcours qui se veut très accessible.
L’arrivée est une fête tant la ferveur du public est forte. De quoi vous faire oublier la fatigue de la course et s’enrichir de souvenirs supplémentaires.
Une semaine inoubliable avant de participer à une cyclo inoubliable
Participer à la Ronde Tahitienne est une expérience exceptionnelle, mais vu le temps de voyage, on ne peut venir en Polynésie juste pour y participer. L’idéal est donc d’arriver une semaine à l’avance pour découvrir ces îles et profiter du dépaysement.
Benoît Rivals a tout prévu et l’organisation propose un package touristique aux participants de la Ronde. C’est sous cette forme que nous avons pu découvrir Tahiti puis participer à la cyclosportive, le dimanche.
L’arrivée se fait une semaine avant, le dimanche soir après environ 24 h de voyage. Mais comme il est 12 h de moins à Tahiti, vous ne perdez en fait qu’une demi-journée !
Le temps de récupérer une bonne nuit (il se peut que vous soyez réveillé à 3 h du matin, car il sera 15 h en métropole !), vous enchaînez le lendemain matin sur une sortie en vélo avec le Vélo Club de Tahiti et des Îles pour reconnaître le parcours de la cyclo.
Le lendemain, c’est déjà le départ pour Moorea, une île à 17 km de Tahiti. La traversée de 45 minutes s’effectue en ferry. Après-midi détente avec deux activités au choix : quad ou jet-ski. Notre choix s’étant porté sur celui-ci, nous avons pu longer la barrière de corail, nager avec des requins à pointe noire et visiter les deux baies de l’île, la baie d’Ōpūnohu et la baie de Cook.
La matinée du mercredi est rythmée par une sortie en vélo sur les côtes de Moorea, une manière de découvrir encore davantage cette île paradisiaque. À ce propos, si la visite de Tahiti peut paraître plus « commune », Moorea ne peut vous laisser de marbre tant les paysages et l’océan sont exceptionnels. L’océan que vous découvrirez encore mieux l’après-midi, embarqué sur un bateau pour profiter du coucher de soleil et nager dans l’eau surchauffée. Le soir, repas au Hilton avec danses locales et cracheurs de feu. Dure la vie !
Mais la journée la plus inoubliable est certainement le jeudi. Transporté sur un petit îlot au milieu de l’océan, vous passerez la journée à manger du thon cru (spécialité locale) au lait de coco préparé sur place. Le tout entouré d’une eau cristalline en nageant parmi les raies (inoffensives) et en sirotant la boisson préférée des locaux, la bière Hinano. Avec modération, cependant !
Jeudi c’est un retour sur Tahiti via le ferry emprunté le mardi. Le temps libre jusqu’au dimanche vous permettra de découvrir Papeete plus en détail. Son marché couvert est digne d’intérêt, tout comme ses roulottes ouvertes tous les soirs sur la place Vaiete. Ces camionnettes arrivent un peu plus tôt dans l’après-midi et sont semblables à nos camions pizza, sauf qu’ici on vous sert à table, de la nourriture simple mais très bonne et d’excellente qualité. Priorité aux plats locaux, c’est-à-dire poissons, ou d’influence asiatique. Fidèle à Tahiti, l’ambiance est incroyable, entre effervescence, décontraction et convivialité. Et ne croyez pas que les roulottes sont réservées aux touristes, les locaux aiment sortir le soir et sont très nombreux.
Le dimanche c’est le jour J ! Après une semaine consacrée à la découverte de Tahiti, vous allez enfin pouvoir vous mesurer aux cyclistes locaux et escalader le fameux col du Taharaa à une allure de course ! Rien ne vous empêche de prolonger le séjour vers une autre destination, Bora-Bora n’est qu’à une heure de vol…
Une expérience immanquable
Tant dans la vie de chacun que dans la vie d’un cycliste, se rendre en Polynésie n’est pas anodin et faire du vélo là-bas encore moins. Mais une chose est certaine, vous ne le regretterez pas.
De mon côté, j’attends avec impatience l’année prochaine car il est des voyages dont on ne se lasse jamais…
Aller à Tahiti
Par avion au départ de Roissy CDG via Los Angeles
La compagnie Air Tahiti Nui propose des vols au départ de Paris avec une escale (2 h) pour ravitailler l’avion à Los Angeles (ESTA obligatoire).
Comptez 12 h de vol de Paris à Los Angeles puis 8 h de vol jusqu’à Papeete.
La prochaine édition de la Ronde Tahitienne :
Date : Dimanche 19 mai 2019
Trois distances : 110 km (la grande Ronde), 55 km (la petite Ronde) et 15 km (la Ronde loisir).
Départ et arrivée : Papeete (Tahiti, Polynésie française)
Informations : www.larondetahitienne.com
