Le Bianchi de Marco Pantani

Le velo utilisé par Marco Pantani pour le Giro 98 !
C’est sur les pentes du Mont Ventoux, tout juste réchauffé par l’air printanier que je m’élance et parcours mes premiers mètres sur ce vélo légendaire ô combien important pour moi. Séquence émotion évidemment.
Dans mon histoire du cyclisme, Marco Pantani tient une place très importante. Capitale même. Celui par qui la passion est arrivée et demeure. Mon parcours de cycliste, puis de coureur jalonné de quelques victoires, fut marqué par ce champion hors du commun, véritable phénomène de société et personnage romanesque.
Je me souviens très bien de ce Giro 1998, qui allait lancer Marco vers sa victoire sur le Tour de France, quelques semaines plus tard. Et l’année d’après, en 1999, triomphant par avance une nouvelle fois sur le Giro, certainement encore plus fort. Avant la fin. Avant Madonna di Campiglio.
Ce vélo, l’un des deux utilisés lors du glorieux Giro 1998, est parmi nous. Les images de Marco en danseuse, mains en bas du cintre, attaquant dès le pied de la montée finale vers Plan di Montecampione, relançant encore et encore, jusqu’à décrocher, lâcher Pavel Tonkov et gagner une fois de plus en solitaire, sont en moi. D’y penser des frissons me parcourent. Monter sur ce vélo, toucher le ruban de cintre qui porte encore les traces des mains de Pantani, des frissons me parcourent. Encore et encore. Ce vélo est plus qu’un vélo, c’est une relique.
Un cadre qui en appelle d’autres…
Le cadre aluminium me fait curieusement penser au modèle FG Lite, sorti en 2006, que j’ai utilisé avec bonheur chez les cadets et que je possède toujours. Un cadre réalisé en tubes Dedacciai, aux soudures brutes et très léger, de l’ordre de 1100 grammes. Les tubes alu Deda série 7000 du vélo de Pantani sont de diamètre plus faible et double butted. Hydroformés évidemment, c’est-à-dire qu’on leur a donné une forme particulière sous pression de liquide. La petite fourche Time carbone, chef d’œuvre d’ingénierie à l’époque, semble bien frêle, presque fragile. Le jeu de direction n’est pas surdimensionné comme sur n’importe lequel des vélos de nos jours. Ce qui n’empêchait pas celui qui chevauchait ce vélo de grimper les cols à 25 km/h et parfois plus vite encore. Au point d’être systématiquement obligé de freiner dans les virages avant de relancer. Un jeu de direction surmonté de la fameuse petite rondelle Campagnolo Record, toujours la même aujourd’hui. Campagnolo jusqu’à la tige de selle, aux dérailleurs et aux freins, en passant par les moyeux. Dérailleurs 9 vitesses, les premiers modèles 10 vitesses seront étrennés un mois plus tard sur le Tour. On remarquera la cassette titane 11-23 qui avait déjà adopté le profil Ultra-Drive qui a subsisté jusqu’à l’arrivée des groupes 11 vitesses.
Le moment tant attendu
On ne peut aborder l’essai d’un tel vélo comme s’il s’agissait d’un vélo normal, classique. A la fois œuvre d’art et vestige historique, ce Bianchi Mega Pro reparto corse a la couleur des sentiments. Et le goût de l’exploit. Tout d’abord, et cela fait relativiser, le niveau de performance n’est qu’indicatif lorsqu’on sait ce qu’a réalisé ce vélo, à quelle vitesse il montait les cols les plus pentus et les redescendait. Les jambes d’abord et le vélo suivra.

Le souvenir d’une vie
Un pur bonheur à rouler, moment de recueillement, d’émerveillement et de souvenir pour cette idole qu’est Pantani. Une manière aussi de comprendre le champion, ressentir ce qu’il pouvait ressentir, essayer de se mettre à sa place et imaginer…
Fiche technique :
Cadre : Bianchi Alu Dedacciai 7000 Mega Pro XL Reparto Corse
Fourche : Time carbone
Groupe : Campagnolo Record 9s
Moyeux : Campagnolo Record
Jantes : Campagnolo Elektron alliage magnésium
Cintre : ITM Super Italia Pro 260
Potence : ITM Big One 110/10° Tige de selle : Campagnolo Record Titanium
Selle : Selle Italia Flite Titanium Signature Édition
Pneumatiques : Vittoria
Pédales : Time Equipe Pro
Remerciements : La rédaction de Top Vélo adresse ses plus vifs remerciements à Salvatore Grimaldi, le propriétaire de la marque Bianchi, pour le prêt inconditionnel de ce magnifique vélo utilisé par Marco Pantani lors du Giro 1998. A lui et à tous les personnels du service course Bianchi de Treviglio, un immense merci.