En moins de trois saisons, la jeune marque Louison Bobet est parvenue à légitimer sa présence dans le très foisonnant marché des vêtements cyclistes. Avec une référence évidente et naturelle à la légendaire élégance de l’un des plus grands champions de l’histoire du cyclisme. Une succes story en forme de palimpseste romantique dédié à l’inoubliable Louison et à tous les amoureux du grand cyclisme. Derrière chaque histoire il y a évidemment des acteurs. Rencontre avec Olivier et Vincent…

Un cadre métaphysique et un grand témoin émerveillé par la saga du grand Louison. L’Anicia Bistrot de la rue du Cherche Midi à Paris et le chef François Gagnaire qui a privatisé son établissement pour laisser notre ami Joël jouer du Canon et de la lumière tandis que j’entame le dialogue avec Olivier Mauny et Vincent Rebours, les deux fondateurs de la marque Louison Bobet. Au passé simple d’abord. Puis au plus que parfait. C’est qu’il s’agit d’évoquer tout à la fois les liens familiaux entre les fondateurs d’une marque et la légitimité de leur référence à celui qui fut l’un des plus proches amis du Campionissimo Fausto Coppi. Ce Louison Bobet vainqueur entre autres monuments, d’un Milan San Remo, d’un Paris Roubaix, d’un Tour des Flandres, d’un Tour de Lombardie, d’un Grand Prix des Nations, de trois Tour de France, d’un Championnat du Monde, d’un Dauphiné et d’un Paris Nice. Pour un total de 182 victoires professionnelles, en une époque richissime en talents où sévissaient, outre Fausto Coppi, quelques rebelles de classe ayant pour nom Gino Bartali, Ferdi Kubler, Hugo Koblet, Fiorenzo Magni, Jean Robic, Charly Gaul, Federico Bahamontès, ou Jacques Anquetil. Tous contemporains du petit mitron breton devenu immense champion.

Olivier, le regard aiguisé des Bobet en guise de de mot d’introduction, ouvre la discussion en évoquant l’accord-passion de la famille Bobet pour le challenge représenté par le lancement d’une nouvelle marque de vêtements sportifs portant le nom de celui incarnant à jamais l’élégance à la française.

« L’idée nous était venue à Vincent et à moi, de faire renaitre la belle légende de Louison en inaugurant une nouvelle manière de concevoir et de produire des vêtements sportifs reprenant ses critères d’élégance, de confort, de classe et de performance. Le tout en réinventant une identité graphique alliant le classicisme et la haute technicité. Dès le départ nous avons eu l’accord des enfants de Louison, Maryse et Philippe. A la seule condition que nous soyons fidèles à ses valeurs. Et que nous relevions le défi lancé par nos amis britanniques qui avaient un peu plus tôt inauguré le retour aux sources en lançant une marque reprenant l’essentiel des critères émotionnels et graphiques de l’histoire ducyclisme français et italien des années cinquante et soixante. Même si je ne suis que le neveu, j’avais en moi cette volonté de fidélité. Avec comme moteur mes souvenirs d’enfants avec Louison. Vincent et moi avons relevé le défi. 

Défi familial avant que d’être une gageure économique. Trois années après la naissance de la marque, présentée pour la première fois au public lors du passage du Tour de France 2015 à Saint Méen le Grand, le village natal de Louison, nous avons déjà rempli une bonne partie de notre contrat moral. La marque Louison Bobet incarne bien les valeurs d’élégance et de performance de Louison. Reste à devenir grands économiquement. Vincent et moi en sommes conscients. Alors nous nous efforçons d’aller encore plus haut et plus loin. »

Vincent intervient pour évoquer la notion d’élégance. Sans aménité pour la concurrence, mais avec une volonté évidente de mettre en avant la magnification de l’effort et du binôme cycliste-vélo par une tenue tout à la fois adaptée à l’effort et génératrice de plaisir et de classe. Soulignant le fait que trop souvent encore les vêtements portés par les cyclos soient sans commune mesure côté qualité et look avec le niveau de plus en plus élevé des machines qu’ils chevauchent lors de leurs sorties ou de leurs courses cyclosportives. Et pour ce passionné de design et de sport il est important de rappeler que la notion d’élégance est justement indissociable de l’image d’un Louison Bobet triomphant ou perdant toujours avec une rare élégance d’attitude et de tenue.

« Je voudrai rappeler un certain 14 juillet 1959, cher Salvatore. Ce jour -là le Tour de France abordait la difficile étape alpine Grenoble-Saint Vincent d’Aoste en passant par l’ascension du plus haut col d’Europe, l’Iseran et ses 2764 mètres d’altitude. Louison était très mal, victime d’une rechute grave de sa vieille blessure à la selle. Dès le pied de l’Iseran ses principaux adversaires, Charly Gaul et Federico Bahamontès en profitèrent pour attaquer. Souffrant terriblement, Louison aurait pu abandonner et se réfugier dans la voiture de son directeur sportif. Mais ça n’aurait pas été digne de lui. Sans jamais se départir de son allure élégante, il s’acharna jusqu’au sommet de l’Iseran. Et là il se retira. Voilà tout Louison Bobet. Comme le disait Antonin Magne à ses coureurs, « saluez messieurs, voici Bobet. Un Seigneur. » Tout l’esprit de la marque Louison Bobet est dans ces deux anecdotes fondatrices. Nous voulions proposer aux passionnés de cyclisme, des tenues élégantes, classiques, modernes et ultra-techniques. Des vêtements qui véhiculent une image de classe et de qualité tout en offrant un confort, une durabilité et des performances absolument au sommet de la production internationale. Un choix stratégique qui limite l’audience, mais qui délimite par contre un contexte et un champ d’action qui nous motive. Et qui est symbolisé par notre devise anglo-saxonne, retour bien français à nos amis british, « Riding with panache ! » Sans jamais nommer leurs principaux concurrents, à savoir les fameux british de Rapha qui ont bâti leur identité en empruntant le graphisme légendaire de l’équipe Saint-Raphaël Geminiani chère à notre cher Gem, alias le grand fusil, et en réutilisant les très riches heures du cyclisme italien et français, Olivier et Vincent donnent libre cours, avec élégance, à leur enthousiasme dès qu’il s’agit de décrire le catalogue des belles tenues Louison Bobet. Entre plaquette d’art et petit livre précieux, il développe les collections de maillots, de cuissards, de vestes et de polos comme un étonnant panégyrique de la carrière mirifique de Louison Bobet.

Briançon 53, Vars 50, Solingen 54, Bordeaux 59, Grammont 55, Saint-Malo 48 ou encore Ventoux 51 et Izoard 53. Autant de références aux plus belles victoires d’un Champion lumineux dont l’empreinte demeure dans les plus belles pages du grand livre de l’histoire du sport.

Mais les propositions Louison Bobet ne se limitent pas, côté homme comme côté femme, à la seule pratique cycliste. Le Lifestyle est également au programme. Avec notamment de sublimes polos en laine mérinos, des cardigans, des pullovers ou encore un élégantissime manteau de pluie que la plupart des néo-adeptes de la marque n’hésitent pas en enfiler par-dessus leur complet de ville. Disponibles sur le eboutique Louison Bobet, les productions de la marque sont marquées du sceau de l’extrême qualité et du soucis maniaque du détail. Choix des tissus, design, confection artisanale. Des caractéristiques quasi éthiques dont Olivier, en neveu désireux de préserver et même de sublimer l’héritage, me présente comme composantes premières d’une ligne directrice maison.

« Nous aurions finalement pu nous contenter de dénicher un gros fabricant désireux d’enrichir ses propositions par une ligne haut de gamme inspirée de l’image d’un grand champion. Tout aurait été plus simple. Mais notre désir, notre motivation, c’était de proposer notre lecture différente de la modernité classique au travers de l’héritage culturel de Louison. Il n’était pas question de brader nos valeurs. Alors notre avenir tout entier est contenu dans cette volonté de proposer des vêtements qui soient en phase existentielle avec la légende. »

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