Il était une fois Pantani !

par | Jan 14, 2020 | Actualité

Le mythique Pirate de Cesenatico aurait célébré son demi-siècle en ce mois de janvier 2020. Disparu tragiquement en février 2004, le plus grand grimpeur du cyclisme contemporain fut un héros mélancolique et christique. Sa brève mais glorieuse épopée aura fait de lui un héros inoubliable. À l’instar de son idole de jeunesse, le Campionissimo Fausto Coppi.

Tous deux sont à jamais intimement et sublimement liés. En dépit des années, en dépit des époques. Marco Pantani et Fausto Coppi. Le Pirate et le Campionissimo.
Faustino, le fils de Coppi, et Tonina, la mamma de Pantani, entretiennent d’ailleurs des liens amicaux. Tous deux sourient lorsque la comparaison est faite entre les deux champions que tout pourrait sembler séparer. Ce serait négliger le fait que le premier club de Marco fut le GS Fausto Coppi de Cesenatico. Et que l’un comme l’autre de ces italiens issus de la classe laborieuse aura outrageusement dominé son époque en montagne. Et oublier de plus que leurs deux existences furent marquées du sceau implacable de la tragédie. La mort déchirante du frère adoré pour Fausto, à Turin en 1951. L’effroyable accident de Milan Turin 1995 pour Marco. Les multiples accidents et chutes pour les deux athlètes. Les déchirures de la vie personnelle aussi. Et enfin le décès prématuré.


Déifiés de leur vivant, les deux super champions sont devenus des icônes. L’un comme l’autre à jamais intouchables. Même par les petits marquis iconoclastes du marketing international, ces nouveaux marchands du temple confondant l’Histoire du sport et l’argutie mercantile.
De son vivant, de son glorieux vivant, Marco Pantani n’aimait pas la comparaison. Pour lui Fausto Coppi était un absolu inatteignable. Un graal sportif et métaphysique, un soleil éblouissant. « Porter ne serait-ce que le regard sur Coppi est déjà un crime de lèse majesté », disait-il avec force. « Moi je ne suis qu’un grimpeur, rien qu’un grimpeur… »
Oui, un grimpeur. Rien qu’un grimpeur. Mais quel grimpeur !


Toujours détenteur des deux meilleures performances de tous les temps sur l’Alpe d’Huez, la montagne sacrée de Coppi, Marco le magnifique c’est cet athlète exceptionnel, faisant corps avec son Bianchi sur les lacets les plus pentus du Giro ou du Tour. Ce coureur étranger aux tactiques d’avant course qui ne connaissait que l’instinct et l’attaque à outrance. Demandez par exemple à Zulle, à Tonkov, à Berzin ou à Jalabert ce qu’ils pensent aujourd’hui encore des démarrages meurtriers du Pirate. Ce grimpeur fou qui devait freiner dans les virages de ces cols alpins ou pyrénéens qu’il gravissait trop vite par moment.

À l’heure désespérante des vainqueurs à la petite semaine et des attaques lancées à …400 ou 500 mètres de la ligne, les échappées au long cours du rebelle de Cesenatico demeurent comme des manifestes existentiels à l’usage des passionnés de cyclisme héroiques.

Grièvement blessé en 1995, littéralement détruit par l’affaire de Madonna di Campiglio en 1999, crucifié par le refus de Jean-Marie Leblanc de l’accepter au départ du Tour 2003, Marco Pantani sera retrouvé mort dans une minable chambre d’hôtel de la riviera adriatique en février 2004. Une chambre dévastée, un visage marqué par les coups, un corps sans vie.
Surdose de Cocaïne et d’antidépresseur, diront les experts. Assassinat lié à la mafia, soupçonnent ses amis et plusieurs enquêteurs indépendants. Ces mêmes enquêteurs qui expriment les doutes les plus sérieux sur le fameux contrôle positif de 1999 dans un Giro que Pantani dominait avec plus de six minutes d’avance sur Savoldelli. Un contrôle sans doute commandé et manipulé par la mafia.

Homme seul, champion hallucinant, Marco Pantani aura tracé les lignes de son destin tragique entre les neiges éternelles des Dolomites et les night clubs glauques de Rimini. Reste la silhouette d’un champion unique surgissant de la brume pour s’imposer sur un sommet du Tour de France. Ce Tour de France qu’il aurait très certainement à nouveau gagné sans problème en 1999 face un Lance Armstrong revenu de l’enfer. C’est ce que pense un autre héros déchu. Un certain Riccardo Ricco. Lui aussi grimpeur. Lui aussi marqué par le destin. Lui aussi maudit.
Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve…

À lire, le test du Bianchi de Marco Pantani !

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