Top Vélo : Jeannie c’est désormais officiel, vous soutenez la candidature de Cyrille Guimard à la Présidence de la FFC. Pourquoi et comment ?

Jeannie Longo : Je crois que l’heure est venue de vraiment changer les choses du cyclisme. Et pour cela il faut nécessairement redonner du sens et de la consistance à l’action de la Fédération Française de Cyclisme. Tout pour moi est parti d’un constat d’échec et même de naufrage avec une indéniable hémorragie côté licenciés et une incroyable incurie côté clubs et athlètes littéralement abandonnés à leur sort. Sans même parler du scandale constitué par la récupération des titres obtenus par les champions français comme Alaphilippe. Des titres et des victoires qui ne doivent rien à une Fédération à la fois empêtrée dans ses contradictions et entachée par plusieurs échecs et scandales.
Alors oui je veux m’engager pour rendre au cyclisme tout ce qu’il m’a donné.
Oui je soutiens la candidature de Cyrille Guimard à la Présidence de la FFC.
Oui je veux contribuer à faire changer les choses.
Oui je veux être utile en participant à hauteur de mes compétences et de ma passion. Parce qu’il n’est plus possible d’attendre encore. L’équipe qui gère de façon totalement anachronique et anti-démocratique la Fédération depuis des années doit désormais céder sa place et être remplacée par une équipe passionnée, compétente et désintéressée. Dans ce contexte la personnalité de Cyrille Guimard est une évidence. Tout comme mon soutien et celui de nombreuses autres personnalités.

Top Vélo : Parlez-nous du mouvement « Prends ma roue » qui a suscité la candidature de Guimard pour le scrutin de février.

Jeannie Longo : Prends ma roue est un collectif de personnalités du monde du cyclisme réunies pour inventer la FFC de demain. Des athlètes, des techniciens, des dirigeants, tous passionnés et passionnants. Lorsque j’ai été contactée pour en faire partie, j’ai été immédiatement séduite par leur credo simple et rassembleur : remettre le cyclisme au cœur du débat ! Avec une volonté de faire à nouveau de la Fédération un instrument performant au service des pratiquants et des clubs.
Au sein de Prends ma roue le débat est permanent. Un débat constructif qui est totalement en dehors des crises microcosmiques et des petites luttes de pouvoir aussi stériles que nuisibles.
Tout est parti comme je l’ai dit d’un constat et d’un bilan. Avec pour l’équipe de Michel Callot l’échec à tous les étages. Je n’en veux pour preuve que la fuite de ces milliers de licenciés qui préfèrent désormais s’en remettre à d’autres fédérations à la fois plus actives, plus performantes et moins gourmandes financièrement. L’UFOLEP, la FSGT ou la FFCT par exemple.
Avec « Prends ma roue » Guimard dispose d’un réservoir d’idées et de bonnes volontés cohérentes dans leur démarche et performantes par leur expérience plurielle dans tous les domaines du sport cycliste. Des passionnés qui ne sont pas à la recherche d’un pass VIP pour les Mondiaux ou d’une invitation pour la Suisse ou les États Unis.
Dans ma déjà longue carrière je n’ai jamais connu un collectif d’une telle qualité et d’un tel désintéressement. Nous nous parlons très régulièrement, nous échangeons, nous imaginons les solutions pour redonner au cyclisme sa juste dimension de sport exceptionnel en pointe socialement et culturellement.

Top Vélo : Vous pouvez vous targuer d’une première grande victoire puisque Cyrille Guimard a finalement obtenu les 100 signatures de parrainage nécessaires pour pouvoir se présenter à l’élection.

Jeannie Longo : Le seul fait que Cyrille ait dû batailler pour avoir ces 100 signatures constitue déjà un scandale et un aveu d’échec de la part du pouvoir en place. Tous les présidents de club que nous avons pu joindre nous ont parlé des pressions insistantes de l’équipe Callot pour ne pas signer en faveur de la candidature de Guimard. C’est une manière de faire anti-démocratique au cœur d’un système lui aussi anti-démocratique. Car évidemment ce ne sont pas les licenciés qui seront appelés à voter pour la Présidence de la FFC.
Évidemment le fait que Cyrille ait pu obtenir les 100 signatures nécessaires est une première victoire. Mais rien ne sera simple puisque le mode de scrutin ne permet pas au plus grand nombre d’exprimer son choix.

Top Vélo : En cas de victoire de Guimard entendez-vous vous impliquer dans l’équipe dirigeante ? Et à quel niveau ?

Jeannie Longo : Naturellement ! J’ai des idées et des compétences. Et pas seulement dans le domaine du cyclisme féminin. Dans le cadre du conseil fédéral je pourrai apporter ma contribution. Et contribuer ainsi à faire évoluer les structures, les actions et aussi potentialiser la pratique du vélo dans le contexte de la défense de l’environnement. Pour moi s’engager vraiment est une évidence !
Lorsque l’on songe que lors du premier confinement ce sont les associations d’usagers et pas la FFC qui auront défendu la pratique du vélo, on a matière à s’indigner. Et à se poser des questions légitimes sur l’inefficacité chronique d’une équipe à la fois peu compétente et peu concernée par les réalités nouvelles du cyclisme.
Lorsque l’on songe aussi que la FFC ne fait rien d’efficace pour le cyclo-cross, pourtant en pleine résurgence partout. Rien non plus pour défendre la poursuite dans le cadre olympique. Rien encore pour un cyclisme féminin totalement négligé. Rien toujours pour la sécurité individuelle du cycliste, avec en lumière la question du port du casque obligatoire pour tous.
Autant d’arguments qui me confortent dans ma volonté de travailler aux côtés de Cyrille.

Top Vélo : Des priorités ?

Jeannie Longo : D’abord instaurer une gouvernance démocratique. En donnant voix au chapitre à tous les clubs et à leurs licenciés. Par exemple en limitant le prix des licences et des droits d’organisation. Puis répondre aux attentes de ces dizaines de milliers de cyclosportifs qui ne recherchent que la pratique-plaisir sans jamais se prendre pour des champions du Tour de France. Et aussi soutenir la pratique féminine en créant enfin de vraies structures dédiées tout en soutenant les teams et les organisations. Et enfin permettre aux vraies compétences de contribuer au travail de la Fédération en étant certaines d’être écoutées. Les temps changent. La Fédération doit absolument faire sa révolution culturelle ! Il y a urgence !