Avec Romain Bardet, la face cachée d’un champion

Écrivant avec mon fidèle ami Faustino Coppi le livre qui nous a valu le Prix 2018 du livre de sport décerné par le CONI , j’ai découvert avec émotion et enthousiasme la vraie vie de son Campionissimo de père. Dinant récemment avec Romain Bardet, j’ai découvert avec curiosité, la part de rêve inhérente à sa personnalité… Cette face cachée d’un champion que le public du Tour ou du Giro cherche probablement en vain, le temps d’une photo ou d’un autographe ou même d’une invective.

Qui sait par exemple que l’immense Jacques Anquetil, celui que Coppi justement considérait comme son successeur, était le plus souvent humainement bloqué par sa pudeur ? Qui se souvient que les meilleurs souvenirs du même Coppi étaient liés à la France, et notamment à son grand ami Louison Bobet, son frère en élégance ?

Qui connaît la réalité de l’humour de Marco Pantani alors que ne demeurent de lui que des images de gloire ou de déchéance ?

Qui peut parler de l’intransigeance quelquefois outrancière de Bernard Hinault sans pouvoir faire référence à sa volonté de dépassement ?

Et qui peut affronter la légende noire de Lance Armstrong sans connaître la réalité de sa souffrance et de son désespoir face au cancer ?

Ma rencontre avec Romain Bardet, accompagné de sa très charmante épouse, aura donc été un nouveau révélateur pour moi, pourtant familier des coulisses de l’histoire du cyclisme contemporain. J’ai redécouvert l’homme simple et passionnant derrière le champion et l’émotion de l’instant télévisuel d’une attaque en montagne face à l’ogre Chris Froome et à ses lieutenants de l’armada Sky. Un Bardet attaché à son Auvergne natale. Un Bardet engageant avec de la lumière dans le regard le dialogue avec notre ami commun, le Chef François Gagnaire. Un Bardet en passe d’obtenir un diplôme d’œnologie pour parfaire encore son cursus d’amateur éclairé dans un domaine où il rejoint, sans le savoir, le grand Fausto. Lui même vrai connaisseur et collectionneur avisé de crus classés de Bourgogne et de Bordeaux.

Le cyclisme, grand pourvoyeur d’émotions et de personnages hors norme, révèle à qui sait distinguer l’humain derrière le cliché médiatique, la réalité baroque ou manichéenne de ces champions qui écrivent l’histoire tout en préservant leur identité. Romain Bardet en est l’exemple parfait. Comme sans doute son alter ego Thibaut Pinot.

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