La modernité ? Quelle modernité ?

 « La Modernité n’a de sens que dans la conscience du passé. »

Ainsi s’exprimait le grand designer italien Michele De Lucchi à l’occasion d’une récente manifestation culturelle Milanaise. Une formule qui ne doit rien au casuel, peu à l’improvisation et tout à la réalité drastique des temps qui viennent. C’est ce que j’ai récemment tenté d’expliquer, avec quelque succès, à un jeune coureur prometteur venu nous visiter à Mormoiron pour une séance photo dédiée aux nouveaux vélos aéro. En l’occurrence, j’ai dû lui apprendre que les premiers vélos aéro ont été inventés par Ernesto Colnago dans les années quatre-vingt du siècle dernier. Et qu’ils ne sont absolument pas l’œuvre d’un mirifique bureau d’étude américain ou taiwanais. Pas plus d’ailleurs que les premiers cadres carbone, les câbleries intégrées ou le freinage disques adapté au vélo de route. Ici encore des inventions romantiques et folles à mettre à l’actif du Maestro de Cambiago.

« Comment est-il possible, me direz-vous, que de telles innovations soient l’œuvre d’un petit artisan italien et pas d’une tête d’œuf de la Silicone Valley ? »

Je pourrai vous retourner la question en évoquant d’autres génies de très humble extraction. A commencer par l’incroyable Tullio Campagnolo, ce coureur insatisfait devenu l’auteur d’inventions appelées à changer l’histoire du cyclisme. Comme le blocage rapide de roue, le dérailleur à baguettes ou le tout premier groupe de l’histoire en 1953. Exemple suivi de belle manière par son fils Valentino dont les nouveaux groupes 10, 11 puis 12 vitesses ne cessent de faire avancer la technologie au service de la performance et du plaisir.

Je pourrai poursuivre la leçon des choses de l’histoire du cyclisme moderne, en convoquant Angelo Luigi Colombo, le créateur inspiré des fameux tubes Columbus, ou son successeur Antonio Colombo, esthète radical et visionnaire qui vit au quotidien sa double et folle passion pour l’histoire du cyclisme et l’histoire de l’art.

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