
Édito Mai 2020
Déconfinement. Et maintenant ?
Cela signifie-t-il pour autant que tout va ou doit recommencer comme avant, voire en pire ?

Autorisé ailleurs, tolérée en France dans la limite kafkaïenne de sorties sportives
individuelles dans le rayon d’un kilomètre, l’usage du vélo n’aura, il faut le dire, jamais été réellement interdit. Y compris pour les déplacements domestiques. Mais il y avait loin de la lettre à l’esprit. S’est alors développée la pratique virtuelle du sport. Avec l’avènement de pseudo-compétitions via l’application Zwift. Ersatz de cyclisme venant compléter le légendaire home-trainer jusqu’alors réservé à l’échauffement ou aux temps pluvieux.
Privés de vraies sorties, les cyclos, et plus graves encore les pros, ont dû faire de leur mieux pour conserver la forme et le moral. Avec là encore un distingo entre la France et l’Italie, pays les plus restrictifs, et le reste du Monde. En Colombie par exemple, Egan Bernal était exempté de confinement par le maire de sa ville de Zipaquina tandis que son compatriote Nairo Quintana était lui contraint à rester jouer sur home-trainer. En Allemagne on roulait quasi sans problème. Et que sait-on vraiment du reste du Monde ?
« Certains seront plus égaux que d’autres », disait autrefois Coluche sans rire. Adage vérifié à l’heure où le peloton professionnel fera sa rentrée les 1er et 8 aout prochains avec les Strade Bianche et Milan San Remo. De quoi préparer le Tour reprogrammé du 29 aout au 20 septembre.
Pour les cyclos, compétiteurs ou non, la date libératrice c’est ce lundi 11 mai pluvieux. Comme une punition supplémentaire diront quelques-uns. Comme un enjeu de plus diront les plus romantiques. Avec à l’horizon immédiat une question lancinante.
Tout doit-il recommencer comme avant ?
Comme avant pour des cyclosportives devenues gargantuesques côté kilométrages et ultra-compétitives côté niveau de performance ?
Comme avant pour une fédération française en évidente rupture avec la réalité des clubs et les attentes des pratiquants ?
Comme avant pour le marché du cycle dominé par des multinationales ayant fait de la délocalisation asiatique un moyen de gagner toujours plus en surfacturant le prix des vélos et des accessoires ?
Comme avant pour une pratique d’achat peu citoyenne légitimant l’achat de produits contrefaits sur des sites pirates ?
Pourquoi ne pas imaginer une réflexion globale ramenant un peu d’ordre et de raison dans un sport devenu tout à la fois urgence écologique, argutie politicienne et manne financière pour les groupes multinationaux et naturellement pour le trésor public ?
« Je rêvais d’un autre Monde », chante l’ami Jean-Louis Aubert…
S.L.