De Rosa Anima

par | Déc 2, 2019 | Le Supertest

Les vélos en titane ne sont pas nés hier. Ils existent depuis bien longtemps et le lancement d’un nouveau modèle n’a en soit rien de révolutionnaire.
Pourtant De Rosa, précurseur du titane chez les pros, s’est attelé à la tâche de créer une révolution culturelle dans le monde du titane jusqu’alors plutôt confiné au confort et au luxe. Révolution iconoclaste puisque les cadreurs de la marque au cœur oublient désormais le classicisme en adoptant des formes qui sont normalement l’apanage des vélos carbone.

LE TITANE REBELLE

Quand De Rosa ajoute une âme et une dimension supplémentaire au titane !

Les vélos en titane n’intéressent désormais qu’une maigre partie d’entre vous. Inabordable, inaccessible, intouchable, ce matériau dont on dit beaucoup de choses est plutôt méconnu car peu d’entre ceux qui donnent ce type de commentaires l’ont véritablement expérimenté…
Pourtant ces quelques connaisseurs qui font aujourd’hui le choix du titane à la place du carbone, de l’acier ou encore de l’aluminium disposent de machines à la longévité record, d’un design brut et d’un confort de premier ordre. Avec l’Anima, De Rosa ajoute un côté technique furieusement actuel…

Tubes à triple épaisseur

C’est une première chez De Rosa, seul le tube de selle reste à deux épaisseurs, en effet sur l’Anima la marque est passée à des tubes à trois épaisseurs permettant de gagner en masse et d’optimiser la rigidité aux endroits nécessaires.
Dans le même registre, la douille de 44 mm est usinée CNC dans un bloc de titane. Une pièce magnifique qui garantira une précision de direction de premier ordre. Pour information, les autres cadres titane chez De Rosa sont équipés de douilles de 35 mm !
Quelques mots sur le soudage, évidemment selon le procédé TIG. On fusionne la matière des deux tubes avec un filet de même matière. Simple sur le papier, cette opération réclame l’adjonction à l’intérieur des tubes de gaz argon afin de ne pas polluer la soudure et d’éviter les réactions de surface lors du refroidissement de celle-ci. Mais chez De Rosa, on maîtrise cela depuis 1990 !

Design inconnu dans le monde du titane

Jamais un vélo en titane n’a eu cette allure. Furtif et aérien, l’Anima a sa propre identité. Reconnaissable au premier coup d’œil, il choquera le non-initié, habitué à voir le titane de papi.
L’arrière est très compact. Les haubans viennent se fixer sur le milieu du tube de selle à la manière des vélos en carbone actuels. Une ligne inhabituelle sur un cadre titane, il faut bien le dire.
Et pourtant ça fonctionne, l’Anima est d’une rare élégance. Sportif aussi, car la vue du boîtier de pédalier et de la douille surdimensionnée ne laisse pas de doute quant à ses prétentions.

Disques ou patins, au choix

De Rosa laisse le choix et c’est tant mieux. La version disque aura l’avantage d’intégrer la câblerie ce qui est un plus pour la ligne. Autre différence, la rigidité supérieure grâce aux axes traversants de 12 mm et autres pattes plus conséquentes. Mais si le simple fait de prononcer le mot « disque » suffit à vous donner le mal de tête, le patin vous réconfortera…
Pour ceux d’entre vous qui feront (ou ont déjà fait) le choix du disque, un avantage notable est l’intégration d’une partie des gaines hydrauliques. La douille est perforée sur le côté et la gaine chemine par là. Bien vu !

Campagnolo what else ?

Comment équiper un cadre De Rosa en titane ? Simple question à laquelle la réponse l’est tout autant. Pour respecter la tradition, le classicisme et la classe le groupe Super Record est une évidence. Le côté technique d’un groupe eTap pourrait en intéresser quelques-uns, mais le Campa a vraiment sa place ici.
Même chose pour le train roulant composé des dernières WTO de la marque, ici en 45 mm. Un choix de roue actuel qui suit la dynamique du pneu Tubeless et qui cadre avec la ligne moderne de ce De Rosa. Évidemment des roues à boyaux iraient tout aussi bien.
Nous avons monté les très légers Tubeless Hutchinson Fusion 5 qui avouent tout juste 227 grammes en 25 mm !
Pour le reste des composants, nous sommes restés dans le choix de De Rosa : FSA K-Force Light.
Certains pourront reprocher le manque de sex-appeal des composants FSA, mais ils font le job en se montrant légers, et résistants. Et de plus leur design s’accorde bien à celui du cadre et des roues.

Sur la route

La prise en main d’un vélo métallique est toujours différente de celle d’un carbone. Par son toucher froid et par la consistance importante qu’il dégage. On a véritablement quelque chose entre les mains (les jambes). Quelque chose de solide.
Même sentiment en commençant à pédaler, il se passe quelque chose. Un objet est en mouvement sous mes pieds. C’est le vélo et je le sens.

Se pose immédiatement la question du ressenti par rapport au carbone. Le titane est évidemment moins vif mais il reste très précis dans ses réactions. Notre machine d’essai étant équipée de roues Tubeless, le confort est exceptionnel. Quand le cadre et les roues travaillent de concert, ça se ressent !

Sur terrain plat, le comportement sera très difficile à prendre en défaut. La rigidité est plus que suffisante et la réactivité se révèle passé 30 km/h. C’est bien en dessous de cette vitesse que le cadre se montre plus paresseux. En comparant avec un Passoni du même matériau mais à la géométrie plus classique, le De Rosa est infiniment plus réactif, agréable et performant. Hypersport plus que GT.

C’est dans les bosses que les vélos en titane avouent généralement leurs limites. Si sur le plat je ne leur ai que rarement reproché un manque de performance par rapport à l’acier ou au carbone, lorsque la route s’élève, il fallait rester indulgent.
Soit trop durs, soit trop mous et donc peu réactifs.
Premièrement l’Anima est très rigide pour un vélo titane. Mais pas trop. Les tubes à triple épaisseurs doivent certainement y être pour quelque chose. En tout cas je ne me sens pas bridé dans mon pédalage.
Deuxièmement le vélo est autant à l’aise en danseuse qu’assis, et avec du petit ou du grand braquet.
Je pourrais rajouter qu’évidemment il sera plus à sa place dans les longues ascensions que dans les côtes courtes qui se passent avec une grosse intensité. Question de standing, on ne maltraite pas un Anima comme on le ferait avec le premier carbone venu !

En descente la filtration de tous les aléas de la chaussée met en confiance. Dans une cyclo au parcours montagneux, l’Anima permettra assurément de faire la différence dans les longs revers de cols. Le comportement au freinage est surprenant, le vélo montrant toujours une stabilité et un équilibre exemplaires, même lorsqu’on s’approche des limites d’adhérence des pneumatiques.

Le titane de rêve

De Rosa signe là certainement une des plus belles machines en titane jamais créées. L’Anima porte bien son nom, il est l’âme de De Rosa et l’âme de ce qu’il reste des vélos d’artisans, construits sans marketing et sans autre souci que les souhaits de leur propriétaire.

Comment ne pas l’aimer ? Il est beau, moderne, très performant et en plus il est inaltérable autant qu’indémodable.

Sur le circuit d’essai Top Vélo

Une machine titane est dans l’esprit de beaucoup cantonnée à se montrer confortable, mais pas performante. Pourtant l’Anima semble démontrer le contraire…

L’Anima n’est pas un cadre titane comme les autres. Vraiment.
Sa rigidité le rapproche d’un alu et son confort se ressent instantanément.
Sur le plat, les roues Campagnolo WTO font un formidable travail. Elles contribuent aussi à la précision de la direction qui autorise un pilotage détendu. Et les pneus Tubeless de 25 mm apportent autant de confort que des boyaux de 28 mm.

Sur la portion plane, je suis sur un tapis volant. J’effleure la route et les quelque dos-d’âne passent inaperçus. Oubliez les inserts en gel et autres amortisseurs, le titane n’a besoin d’aucun artifice de ce genre.
J’arrive dans la côte. Courte et très pentue, ça n’est pas le terrain sur lequel l’Anima s’exprime le mieux. Je passe donc sur le petit plateau. Grosse cadence de pédalage, je monte tout de même à bonne allure. Petite récupération avant d’attaquer la deuxième partie. Je repasse sur le grand plateau, mes jambes ne brûlent pas. L’avant du vélo est très rigide, je suis en danseuse et rien ne bouge.
Je sens la masse et l’inertie supérieure du titane mais ça ne me défavorise pas plus que ça dans cette côte où je suis à 100 %.

Dans la portion plate au sommet, j’ai vent de dos et le vélo reprend facilement de la vitesse. L’occasion de reprendre mon souffle. Si dans la montée le vélo n’offre pas la même facilité que les meilleurs vélos en carbone, seuls les meilleurs d’entre vous pourront sentir la différence.
En descente c’est l’inverse. Tout le monde pourra profiter de la tenue de route et de la sécurité qu’offre l’Anima. Le freinage (même à patins) est exceptionnel et la tenue de cap parfaite.

Ultime montée, plus roulante et plus longue. Ici le De Rosa est plus dans son élément. Je garde le grand plateau sans effort et me laisse emmener par l’efficacité du train roulant. C’est la machine qui fait le travail !
Avec près de 90 km/h atteints dans la descente qui clôt notre circuit d’essai, l’Anima est l’une des machines les plus rapides à cet endroit. Normal, avec des roues très aérodynamiques, une absence de vent et une bonne inertie. Ça ne bouge pas d’un poil !

De Rosa Anima

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Plat

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Montagne

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Descente

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Rigidité

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Nervosité

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Rendement

  • Plat 80% 80%
  • Montagne 70% 70%
  • Descente 90% 90%
  • Rigidité 75% 75%
  • Nervosité 75% 75%
  • Rendement 75% 75%

Fiche technique

Cadre De Rosa Anima Titane Grade 9 Triple Butted
Fourche De Rosa carbone
Groupe Campagnolo Super Record 12
Roues Campagnolo Bora WTO 45
Pneus Hutchinson Tubeless
Cintre FSA K-Force Light
Potence FSA K-Force Light

Équipement

Tenue Campagnolo
Chaussures Gaerne
Casque Kask Protone
Lunettes Vuarnet

Tarifs & poids

11 000 € – 7,2 kg

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