Corima MCC DX : l’essai !

par | Jan 11, 2021 | Top Wheel

Avec la sortie de la MCC DX, Corima a remis au goût du jour le concept de la roue carbone à l’heure où le freinage disque est appelé à régner en maître sur nos (futurs) vélos. Une roue résolument haut de gamme qui promet des performances très élevées. Mais justement, n’en fait-elle pas trop ?
Corima MCC DX

La roue trop ultime ?

Personnellement j’ai adoré les Corima 32mm MCC première version. Des roues qui, il y a 10 ans, dépoussiéraient une offre de roues ultra haut de gamme dominée par les Lightweight, Bora et autres Zipp. Depuis le freinage disque est arrivé, le Tubeless va prendre la place du boyau (le pneu reste encore plébiscité) et l’offre en très haut de gamme chez Corima avait disparu des écrans et des pelotons.

Pour rappel, Corima fabrique toutes ses roues en France et reste à ce jour le seul constructeur de jante carbone dans notre pays. On peut rajouter à cela avec la gamme MCC, que Corima est le seul constructeur à fabriquer des roues 100% carbone en France. Quand on sait que l’immense majorité des jantes sont aujourd’hui fabriquées en Asie (ce qui n’est pas un signe de mauvaise qualité, bien au contraire), on ne peut que remercier Corima de continuer à œuvrer pour le made in France.

Une jante carbone toujours construite sur une structure interne en mousse

Corima ne change pas une formule qui gagne et satisfait depuis longtemps. Ainsi la construction des jantes MCC DX est quasiment identique à celle des jantes classiques à la différence que les MCC DX bénéficient d’une nouvelle technologie baptisée Torsion Box. Ce système permet d’alléger la jante sans altérer la rigidité et de mieux filtrer les vibrations de la chaussée en autorisant une légère flexion de la jante. Pour se conformer à la mode actuelle, la largeur externe passe à 26 mm, idéale pour monter des boyaux de 25mm ou plus.

Un rayonnage 100% carbone

C’est bien là le concept MCC. Des rayons 100% carbone qui offrent une rigidité maximale tant en traction qu’en compression. Comprenez que la roue ne se déforme quasiment pas. C’est ce qui, couplé à l’âme en mousse de la jante, confère une rigidité exceptionnelle aux roues MCC. Corima est allé encore plus loin avec les MCC DX en développant le D2T sur le moyeu arrière qui permet de distribuer plus efficacement le couple de pédalage et le couple de freinage qui sont contraires. Ce système consiste en un couplage des rayons par deux, formant littéralement un Y au niveau de la jonction avec le moyeu. Des rayons dont la forme a évolué par rapport à la précédente génération, pour gagner 9% d’aéro sur la roue avant et 18% sur la roue arrière. C’est surtout la sensibilité au vent latéral qui devrait diminuer, c’était là le gros point faible des MCC.

Sur la route

J’ai choisi pour l’essai de ces roues une machine que je connais bien : le Canyon Ultimate CF SLX Disc. Un vélo qui brille par son rendement, sa facilité d’usage et sa légèreté. Bref, le parfait vélo haut de gamme sur lequel on imagine monter ces roues. Et dès les premiers mètres je suis dans le bain. Si les excellents boyaux Hutchinson (des Veloflex en réalité) me donnent la sensation que j’avance sans difficulté, il faut que je m’emploie pour relancer le vélo. La rigidité verticale est telle que le confort a régressé par rapport aux DT Swiss à pneus qui équipent mon vélo d’ordinaire. Il faudra abaisser la pression pour récupérer un peu de filtration, mais en perdant la sensation de « répondant ». Sur le plat l’aérodynamisme a bien progressé et c’est nettement perceptible. Une fois lancé à vive allure, on ne ressent plus ce sentiment de frein comme auparavant (ce qui cantonnait les anciennes MCC à la montagne). Oui, ces MCC DX se révèlent sur le plat, particulièrement à haute vitesse !
C’est dans les côtes que j’ai été quelque peu déçu. Je ne retrouve pas la facilité des anciennes MCC qui virevoltaient et transformaient mon vélo en jouet. La rigidité est telle que je dois appuyer plus que de raison dans les relances, surtout quand le pourcentage de la pente est élevé (c’est pourtant sur ce terrain que j’attendais le plus de ces roues). Au train sur un asphalte en parfait état et se reposant sur la rigidité verticale et la capacité de la roue arrière à tracter, l’efficacité est réelle mais s’il s’agit de répondre ou de lancer une attaque, le ressenti est tout autre. D’autant plus décevant que Corima annonce ces MCC DX comme les roues ultimes pour grimper !
Pour avoir le cœur net sur ce ressenti, je monte les Corima sur le Factor O2 VAM, lui-aussi très performant et d’une facilité d’usage déconcertante. La sensation est identique, les roues sont dures à emmener et dures à relancer. Je ne sens pas leur (relative) légèreté et plus j’utilise un grand développement, plus cette sensation transparaît. La solution est de pédaler avec une grosse cadence de pédalage tout en restant assis sur la selle, à la manière de Chris Froome. Si vous pédalez comme Marco Pantani ou Alberto Contador, oubliez…
Un gros point positif : la sensibilité par vent latéral a énormément diminué. J’ai pu effectuer une descente du Mont Ventoux sans percevoir la moindre gêne dans mes trajectoires.

Des roues de pros…

…Que les pros n’utilisent pas ! Et à l’usage je comprends rapidement pourquoi. Très rigides, ces Corima ont en plus perdu leur avantage premier qui était leur faible masse. Avec presque 1400 grammes à boyaux on se demande l’intérêt d’opter pour des roues 100% carbone qui sont 50% plus chères que leur homologue à rayons inox qui affichent seulement une centaine de grammes supplémentaires. Le rendement est là mais au prix de gros efforts, tandis que le confort régresse sensiblement. À moins d’être très lourd, vous buterez contre cette phénoménale rigidité, ce qui vous obligera à rouler vite et donc à puiser dans votre réserve d’énergie. Vous avez dit contre-productif ?

Poids : 1340 grammes
Hauteur Jante : 47 mm
Largeur jante : Externe 26 mm
Moyeux : Carbone, roulements acier (céramique en option à 150 euros)
Rayons : 12 rayons en carbone, à l’avant et à l’arrière
Tarif : 3299 euros la paire

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