Le dernier des Bevilacqua  

Le RB1K est une bête de guerre revisitée, ses lignes ne trompent pas. Certainement l’un des vélos les plus interpellants, les plus bouleversants. Le regarder c’est en tomber amoureux ou le détester.

Unique cadre 100 % monocoque dans le grand monde des vélos de série, le RB1K fait figure à part par sa fabrication et ses lignes. Inclassable. Tant parmi les machines aérodynamiques que celles de compétition. C’est ça le RB1K, un vélo comme aucun autre. Il ne s’appelle pas « The One » pour rien…

Succédant au RB 1000 qui aura tenu près de dix années au sommet de la gamme Cipollini, le RB1K garde un air de famille avec son frère. Pourtant tout change ! Plus aérodynamique, plus léger, plus rigide, plus facile, plus confortable, plus performant. Rien que ça ! En tout cas, la finition a fait un bond en avant. Encore. Et si le RB 1000 était loin d’être mal fini, Cipollini en remet une couche. Par rapport aux autres machines existant sur le marché, l’écart est le même qu’entre une Audi et une Bentley.

Chaque étape de sa fabrication est manuelle. Du placement des lay-upde carbone dans le moule, au démoulage, à la peinture et à la préparation du cadre. Un cadre qui aura pas mal voyagé entre sa fabrication en Toscane, sa peinture près de Milan et sa préparation finale au siège de la marque, à Bonferraro, près de Vérone. Alors si la ressemblance avec le RB 1000 est bien là, on retrouve des lignes encore plus poussées, des arrêtes encore plus travaillées et un cadre qui en jette encore plus. Les haubans sont de véritables œuvres d’art, des odes au design. La douille de direction qui pointe en avant semble sortie de la face avant d’une Lamborghini Countach. Y aurait-il du Marcello Gandini dans ce nouveau Cipollini ? Nous vous laissons juger…

S’il est 120 grammes plus léger que le RB 1000 à taille égale, Cipollini utilise toujours principalement de la fibre T1000 46J pour la fabrication du cadre et de la fourche. Le gain de poids vient d’une fabrication optimisée. Moins de résine et des épaisseurs plus finement contrôlées permettent aussi d’optimiser de près de 20 % la rigidité. Le précédent modèle n’en manquait pas et se montrait même parfois trop dur. Les ingénieurs de la marque nous garantissent un meilleur comportement avec une rigidité mieux placée, là où il en faut. Le boîtier de pédalier reste au désormais éprouvé standard press-fit86,5 x 41 mm, gage de fiabilité et de bonne tenue des roulements du pédalier. On remarque l’arrivée du freinage en Direct-Mount. Un grand gain aérodynamique est annoncé grâce à l’adoption de ce type d’étriers. Les plus observateurs auront remarqué le spacer qui surplombe le jeu de direction. Son installation permet de rehausser le poste de pilotage de 18 mm en se passant de disgracieuses bagues. Sublime !

Pour terminer sur la partie technique de ce nouveau vélo, on apprécie le choix de sept tailles possibles. Ce qui fait autant de moules, une vraie performance pour un vrai monocoque !

Machine de rêve, équipement de rêve

Le NK1K combine ligne à se damner et finition de haut vol. Pour accompagner ce cadre hors du commun, il fallait bien des équipements à la hauteur de sa robe.

Et avouons que la finition, tout de carbone du groupe Super Record, associée aux matériaux tels le titane ou l’aluminium et l’utilisation de roulements céramiques pour le pédalier, les roulettes de dérailleur et les roues, posent ce vélo comme une pure machine d’exception. Là où la beauté prend le pas sur la performance. Ou l’inverse. Ou les deux.

À l’usage, le Super Record garantit des changements de vitesses éclair, de quoi profiter au maximum des capacités du vélo. On note d’ailleurs la patte de dérailleur arrière particulièrement renforcée qui garantira à coup sûr un fonctionnement durable dans le temps de la transmission. Côté composants, on est au même niveau avec un cintre et une potence carbone 3T de gamme LTD. Ils combinent grosse rigidité et poids plume. Attention au tarif de la potence qui est prohibitif… Mais rien n’est trop beau pour notre Cipollini ! Même pas la selle SLR Tekno Flow, elle aussi tout en carbone. Son confort est très bon, ne vous fiez pas à la dureté de sa coque.

On achève cette fiche technique avec un train roulant composé des roues de compétition qui comptent parmi les préférées des coureurs professionnels, les Bora Ultra 50 à boyaux. Elles correspondent parfaitement à l’esprit du RB1K. Aérodynamiques, légères et reconnaissables de loin, on peut les considérer comme les reines des roues. Et les boyaux Vittoria Corsa Graphene ne gâchent rien et ajoutent une dose de confort bienvenue sur une telle machine.

L’équipement de ce vélo nous montre bien qu’une belle machine est bien plus qu’un cadre. C’est l’addition de toutes ces pièces qui créé l’alchimie particulière et qui rend un vélo différent de tous les autres. Le sentiment de rouler sur un vélo à part, c’est quelque chose que ce Cipollini donne à celui qui a le privilège d’être à ses commandes.

Ne vous fiez pas à sa ligne, il s’est adouci !

Oui, et je ressens ça dès les premiers tours de pédales. Bien qu’il reste un pur vélo de course (comment pourrait-il en être autrement ?), le RB1K est devenu bien plus facile à l’usage. Là où lorsque la route s’élevait, l’ancien RB 1000 était en difficulté ou plutôt mettait en difficulté, la nouvelle machine de guerre de Cipollini ne demande qu’à accélérer encore et encore. Sur le plat évidemment le vélo avance seul, aidé par ses roues à haut profil, mais en bosse le RB1K se délecte des pourcentages. Et moi aussi par la même occasion. Si la facilité d’usage a progressé, c’est surtout qu’on ne bute plus contre le cadre comme auparavant.

Ici la rigidité semble parfaitement maîtrisée et se trouve là où il y en a besoin. Le résultat est sans appel. Repasser sur un RB 1000 donne l’impression de rouler sur une vieille machine, dépassée. La différence est énorme ! Cependant le RB1K n’a pas perdu son âme de compétiteur et le fait savoir. Même si le confort a lui aussi progressé, le comportement global du vélo reste purement orienté vers la performance. Prenez le vélo pour aller chercher le pain, il vous fera savoir qu’il a envie d’accélérer. Si les jambes suivent, le plaisir sera immense. Et même si vous n’êtes pas en grande forme, il ne condamnera pas.

Efficace sur tous les terrains, ce que sa ligne ne laissait pas forcément suggérer, voilà la performance du RB1K « The One ».

Comment résister ?

Comment résister à cette merveille ? Pour qui apprécie les vrais beaux vélos, le RB1K est un choix passionnel mais aussi cohérent. Tellement beau qu’on l’imagine très bien dans le salon pour pouvoir le regarder encore plus ; tellement bon qu’on se surprend à partir rouler une journée de repos et tellement passionnant qu’on se surprend à en rêver la nuit. Certainement le plus beau des cadeaux de Noël…

Sur le circuit d’essai Top Vélo

En ces premiers jours de décembre, le temps est encore clément dans le Sud avec près de 15 degrés et pas un soupçon de vent. Des conditions idéales pour réaliser un bon chrono. Même si ma forme est un peu en descente en cette fin d’année ! La position est parfaite, malgré la douille de direction très basse, je me sens merveilleusement bien posé sur ce vélo. Indéniablement c’est « course », à ne pas mettre entre toutes les mains. Mais c’est sans compter sur le spacerqui rehausse l’avant du vélo de 18 mm !

Le couple formé par le train roulant et le cadre se révèle très performant d’entrée de jeu. Évidemment sur parcours plat, la majorité des machines haut de gamme roulent bien. Le Cipollini est prêt à jouer et je m’amuse beaucoup en danseuse, à relancer l’allure. Une fois le rythme de croisière trouvé, l’allure ne faiblit plus. Je garde le grand plateau dans la première côte, souhaitant passer en force. La rigidité du vélo est conséquente. Je dirais même qu’elle est grosse. Mais elle ne prend pas le pas sur la performance du vélo comme pouvait le faire l’ancien RB 1000. Au contraire, dans ce passage, c’est bien elle qui me permet de passer en force !

Essoufflé, je récupère au sommet avant d’entamer le passage le plus difficile, à plus de 13 %. Cette fois sur le petit plateau, je passe en cadence, assis sur la selle. Le RB1K tracte bien, l’avant a tendance à se soulever sous mes coups de pédales. Les roues à haut profil ne me handicapent pas. Il faut dire que les Bora Ultra 50 à boyaux restent sous les 1300 grammes ! Revers de la médaille, au sommet il y a un peu de vent de côté, et les jantes de 50 mm offrent quand même une belle prise au vent. Habitué de ce type de roues, ça n’est pas un problème pour moi.

À l’entame de la descente, je laisse aller le vélo qui jouit d’une très bonne inertie. Le freinage est excellent. Il est vrai que les freins Direct-Mount offrent une grande puissance et un contrôle accru par rapport à des étriers classiques. Le vélo se place au millimètre, comme une lame. C’est un régal.

La bête de course confirme ses talents de grimpeur dans la dernière montée de notre circuit d’essai. Comme quoi une ligne très aérodynamique n’exclut pas de pouvoir grimper ! C’est la dernière descente, celle où on prend la vitesse maximale. Pratiquement aucun freinage, ici l’aéro du vélo et la position jouent le rôle le plus important. La stabilité aussi. Et ce Cipollini n’en manque pas, je passe à bloc de partout.

L’évolution est marquante car la marque italienne a fait progresser sa machine phare dans le bon sens. Là où le RB 1000 était uniquement dédié aux compétiteurs les plus forts, le RB1K devient plus facile à utiliser, plus confortable, plus agréable. En un mot, bien meilleur !

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