Cervelo R5

Il faut le dire, Cervélo a révolutionné le monde du vélo de route. En adoptant des solutions techniques qui ont apporté du confort dans le monde du vélo de compétition, sans prendre le pas sur la performance. On se souvient aussi de l’étude sur l’aérodynamisme alors que les concurrents n’en étaient qu’à leurs premiers balbutiements en la matière. Si le R5 est sorti il y a quelques années, il reste toujours d’actualité. Voilà pourquoi...

Chronique d’un best-seller

par | Mai 1, 2018 | Le Supertest

Cervelo R5

Un cadre indémodable  


Depuis sa sortie, le R5 a évolué. À la base pensé comme le successeur du R3, il ne l’a finalement pas remplacé mais est venu prendre la place supérieure dans la gamme du constructeur canadien.

Pour beaucoup de pratiquants qui se soucient de leur matériel, Cervélo a contribué à l’introduction des vélos aérodynamiques. Le Soloist avait marqué son temps et les vélos de la gamme S continuent encore aujourd’hui d’être parmi les machines aérodynamiques les plus convoitées et performantes. Mais ces machines, si efficientes soient-elles, n’ont pas fait oublier les vélos plus conventionnels de la série R. Premier du nom, le R3 puis R3 SL, dessinés pas le génial Gérard Vroomen. Celui-là même qui a conçu le premier R5 avant de se retirer, laissant un précieux héritage derrière lui.
Le R5 dernière version n’est pas une simple évolution du R5 originel. C’est une toute nouvelle machine à 100 %. Plus aérodynamique, plus légère, plus intégrée, plus confortable, plus résistante. Le vélo a progressé sur tous les points et fait partie des cadres les plus modernes qui soient.
Cervelo R5
Cervelo R5
Techniquement les Cervélo ont toujours été astucieux et le R5 ne déroge pas à la règle. Le travail du cheminement du câble du faisceau Di2 à travers la potence, son entrée dans le cadre force l’admiration. Car si les cadres aérodynamiques se prêtent bien à l’intégration des câbles, sur les cadres « classiques » c’est plus compliqué.
Ici le petit fil électrique passe dans la potence et ressort au niveau du pivot, sous le capot de potence. Le capot de potence possède un cheminement interne qui fait ressortir le fil juste derrière la douille, dans sa partie supérieure. Le câble passe dans le cadre à cet endroit, on ne le voit quasiment pas.
Même chose pour le serrage de tige de selle qui semble intégré. En réalité il est sous un petit cache plastique qui fait partie intégrante de la ligne du cadre. Associé à la tige de selle profilée, l’ensemble est de très bon goût.
Et tout bon Cervélo possède un boîtier de pédalier BBRight. Totalement asymétrique, ce boîtier de 79 mm de large reprend le concept du BB30 tout en l’améliorant. La boîte de pédalier se trouve allongée de 11 millimètres côté opposé au pédalier, doublant quasiment la largeur de la base gauche. Le confort n’est pas en reste avec les haubans très fins, typiques des productions Cervélo.
S’il est des domaines où les Cervélo sont timides, c’est bien sur la déco de leurs vélos. Notre R5 reste dans la simplicité avec du noir prédominant et un bandeau vert qui parcourt le cadre. Bien que n’ayant rien d’exceptionnel, la peinture est bien appliquée et la finition sans reproche.
Cervelo R5
Cervelo R5
Cervelo R5

Dura-Ace et Enve, le couple gagnant

Un Cervélo est un vélo de connaisseur, pour des cyclistes soucieux de rouler sur une machine justement équipée tant au niveau de la performance, de l’ergonomie que du design. C’est ce qui transparaît tout de suite lorsqu’on regarde une bicyclette de la marque. La potence construite spécifiquement pour faire passer le faisceau du groupe Shimano Di2, ou la tige de selle aérodynamique et confortable en sont le parfait exemple.

On se passera de commentaire sur le groupe Shimano Dura-Ace Di2 tant tout a déjà été dit et redit. Ergonomie, fiabilité et fonctionnement sont exceptionnels, il n’y a rien à rajouter. On peut par contre être déçu par la qualité des repose-mains. Le plastique, trop souple et trop détendu, tourne littéralement autour de la poignée.
Le poste de pilotage en carbone siglé Cervélo donne tout de suite le ton sur le sérieux de l’équipement du vélo. Il est dans la continuité des lignes du cadre. À ce jeu, la potence est un très bel objet. Côté cintre, la forme compacte est bien pensée mais attention au plat sur le dessus qui pourrait gêner certains d’entre vous. À essayer…
La tige de selle est spécifique à ce cadre. Sa forme aérodynamique garantit aussi sa flexibilité, ce qui apportera du confort. Le réglage de son chariot est enfantin, rien à redire. L’assise est confiée à une Fi’zi:k Antares R5, modèle milieu de gamme avec ses rails en acier au manganèse. La différence entre une machine à 8 000 euros et une autre à 1 000 euros se fera sur tous ces petits détails… On notera aussi les pneus Continental Grand Prix qu’on troquerait bien pour les Grand Prix 4 000 SII qui auraient bien leur place sur une machine de ce niveau. On ne peut pas tout avoir, même à 8 000 euros.
Surtout que les roues Enve sont parfaitement au niveau du cadre. Avec tout juste 1 300 grammes, ces roues carbone sont parmi les meilleures de la catégorie. Vraiment de quoi seconder le cadre efficacement et sur tous les terrains. Allez, on fait évoluer la selle et les pneus pour ne garder que le meilleur sur ce Cervélo !
Cervelo R5
Cervelo R5
Cervelo R5

Sur la route, bonheur assuré !

Le R5 fait définitivement partie du cercle des vélos pensés pour la course mais qui savent s’adapter au plus grand nombre par la facilité de leur comportement et leur confort. Cela transparaît tout de suite, dès que je monte sur le vélo, d’autant plus que la position ne cède pas aux sirènes de la performance absolue. La douille de direction n’est ni trop basse ni trop haute et la longueur du cadre juste parfaite.

Comme tous les Cervélo, le tube de selle est à 73° et l’angle de chasse de la direction est proche de 73° à partir des tailles moyennes, ce qui donne un comportement typique et très cohérent au vélo. Sur terrain plat, le R5 survole. Le cadre est très facile et je me rends compte qu’il supporterait sans problème le montage de roues à plus haut profil (50 mm).
Par rapport à un cadre de la série S, le R5 n’est pas moins rigide, loin de là. Mais son comportement n’a rien à voir. Plus tranchant, il est bien plus facile à relancer, a contrario à de hautes vitesses, le rythme sera plus aisé à tenir avec un S5. Je peux recommander le R5 pour 80 % des gens qui profiteront des caractéristiques du cadre et n’auront que faire de rouler plus facilement à 50 km/h avec un S5.
En côte le bilan est aussi favorable au R5 qui se joue des difficultés et impressionne. Comme s’il effaçait la pente. On remonte les vitesses pour garder une bonne cadence de pédalage et le vélo fait le reste. En danseuse, le vélo relance efficacement sans faire mal aux jambes, même dans les forts pourcentages où il se montre encore plus à l’aise. Le couple cadre-roue est très convainquant, j’avais crainte que les pneus d’entrée de gamme ne pénalisent mon ressenti mais il n’en est rien.
En descente il faudra se faire à la géométrie du R5 qui rend le comportement vif et très précis. On peut se placer au millimètre et le retour d’informations de la direction permet de se sentir pleinement en confiance. Le freinage Shimano est évidemment sans reproche, mais sachez que pour les plus lourds d’entre vous, la version disques est là et l’efficacité reste la même, vous avez notre parole !  
Fulcrum Racing

À conseiller à tout le monde 

Que vous soyez coureur pro, compétiteur ou cyclosportif, le Cervélo R5 ne vous laissera pas de marbre. Il combine comportement de haut niveau et confort. Vos pourrez sans problème envisager de longues distances à ses commandes, il ne vous tuera pas dans les derniers kilomètres et vous permettra de rentrer frais chez vous ou d’attaquer à bloc dans le dernier col. Bref, un vélo qui sait tout faire et qui ne perd pas de sa superbe avec l’adoption de freins  disques. Que ce soit dit !

Cadre Cervelo R5 – Groupe Shimano Dura-Ace Di2 – Roues Enve SES 3.4 – Poids – 6,55 kg – Tarif 8499 euros

Cervelo R5

Sur le circuit d’essai Top Vélo

Le R5 est un vélo qui me convient parfaitement, dès lors j’envisage clairement de réaliser un bon temps. Les conditions sont idéales, c’est parti !

J’avais crainte de ne pas me faire au cintre Cervélo et à son plat supérieur, d’autant plus que le ruban de cintre est assez épais. Habitué aux cintres ronds, je dois avouer que seuls les aérocockpits de Canyon me correspondent d’ordinaire. Mais ça passe bien, je ne suis pas gêné. Je pars avec un léger vent de dos, ce qui me fait gagner quelques secondes. Je suis tout à droite avec un braquet de 52 x 11, à environ 50 km/h. Lorsque la route redescend légèrement, je me permets même de tutoyer les 60 km/h. Un avion !
Sur la portion de route défoncée, juste avant l’entame de la première côte, je sens bien la tige de selle se déformer et absorber les chocs. Très efficace, la solution adoptée par beaucoup de constructeurs de donner de la souplesse à la tige de selle a sonné le glas des tiges de selles intégrées, et on ne s’en plaindra pas.
J’aborde la bosse à vive allure, sur le grand plateau. Vers le milieu, j’appuie sur le bouton de la poignée Shimano pour repasser sur le 36 dents. L’efficacité de la transmission est exceptionnelle ! J’adopte une bonne cadence de pédalage jusqu’au replat où je repasse sur le grand plateau. Je suis parti assez vite, j’ai l’impression que je vais réaliser un bon temps alors pas une seconde à perdre, d’autant plus que si je manque de kilomètres, je n’ai pas perdu de rythme.
Deuxième montée, la plus difficile. Je croise la chaîne et passe avec 52 x 28. Pas un bruit venant de la transmission, je me concentre sur mon pédalage et me mets en danseuse au sommet pour me préparer à relancer sur la portion plate avant la descente. Je me suis fait mal en montant avec le grand plateau. J’observais ma puissance, souvent à plus de 400 watts, et me demandais quand j’allais devoir ralentir, mais c’est passé. À partir de ce moment je suis resté sur le grand plateau que j’ai conservé jusqu’à la fin. La capacité du cadre à accepter les erreurs de braquet m’a particulièrement bluffé. Le R5 est vraiment tolérant.
La première descente passe sans encombre. Lors de ma première sortie avec le vélo, je trouvais que le freinage manquait de mordant mais c’était une histoire de rodage des patins. Tout est rentré dans l’ordre et pour mon poids, il est largement suffisant. Je donne tout ce qu’il me reste dans la dernière montée où je privilégie la puissance avec une haute cadence de pédalage, au contraire de la précédente montée où j’étais en force.
Assis sur la selle Fi’zi:k Antares R5 (qui si elle n’est pas le modèle top de gamme se montre tout de même très confortable), je sens que l’arrière du vélo tracte bien. L’avant suit sans broncher, une fois à mon train rien ne pourrait m’arrêter. La dernière descente me permet de juger encore une fois de la stabilité du vélo. J’adopte une position à la Froome et me laisse aller. La pente fait le reste, je n’ai plus à toucher aux freins. J’ai tout donné !
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