Canyon Ultimate CF Evo Disc 10.0 SL

par | Mai 23, 2020 | Le Supertest

Chez Canyon, l’Evo est le vélo de tous les rêves. Une machine un peu irréelle au milieu d’une gamme pourtant bien ancrée dans le présent. Une machine destinée aux cyclistes qui ne se contentent plus du vélo lambda ou du vélo de pro. Car l’Evo dépasse ces qualificatifs roturiers pour se concentrer sur le gain de poids, la performance et l’exclusivité. Un vélo comme nul autre…

L’Evo passe au disque

La première version du Canyon Ultimate CF Evo essayée il y a deux ans était équipée d’un freinage à patins, d’un groupe mécanique et sa masse était de 4,9 kg. Depuis, son évolution a gagné un groupe électrique, un freinage disque, mais sa masse a augmenté de près d’un kg ! Certains crient déjà au scandale, mais si ce Canyon Evo était encore meilleur que la première version ? Et si l’adoption du freinage disque permettait au Canyon Evo d’être encore plus proche de la perfection ?
Pour une fois, difficile de me retenir. Oui, l’Evo est formidable. Toujours. Vous comprendrez pourquoi en lisant la suite de ce Supertest…

Le concept Evo

Le concept Evo par Canyon est simple. Proposer le vélo de route de série le plus léger possible sans renoncer au rendement et à la sécurité. Avec ses 4,9 kg, le premier Evo parvenait pour la première fois à ce compromis ô combien difficile et contradictoire. Car s’il est tout à fait possible de descendre la masse d’un vélo de route sous les 5 kg, parvenir à conserver un comportement efficace est bien plus difficile. À ce sujet, je peux vous affirmer que la plupart des vélos de moins de 6 kg que j’ai essayés ces 10 dernières années étaient moins performants que ceux dont la masse se situait aux alentours de 7 kg.
Mais je vous l’accorde, ça en jette le dimanche matin d’avoir le vélo le plus léger du groupe, et vous comprendrez que les propriétaires de ces machines se gardent bien de dire que leur vélo n’avance pas. Peut-être même ne s’en rendent-ils pas compte, aveuglés par « l’effet » que leur procure leur vélo ultraléger.

Des chiffres

Avec 675 grammes pour le cadre et 285 grammes pour la fourche, l’Evo est toujours extrêmement léger, malgré le passage au freinage disque. La forme globale est identique au SLX, Canyon a travaillé sur la quantité de résine et le lay-up de carbone pour alléger au maximum son cadre Ultimate. Le résultat est un rapport masse/rigidité évidemment supérieur au SLX. Une étude d’un vélo à disque ultraléger qui ne date pas d’hier puisqu’en 2008, Canyon présentait un prototype de vélo à double frein avant à disque à 6,8 kg. Son nom : le Projekt 6.8. Si le premier Evo était à patins, l’Evo Disc concrétise la première volonté de Canyon d’un vélo à freinage disque ultraléger. Il est le descendant direct du Projekt 6.8.

Projekt 6.8 de 2006 de Canyon

Intégration par Canyon

Canyon a été l’un des premiers constructeurs à proposer et étendre à l’ensemble de sa gamme un combo cintre/potence en carbone monobloc qui fait passer la câblerie. On retrouve l’Aerocockpit dans une nouvelle version baptisée CP 20 CF, spécifique à l’Ultimate Evo. Une pure réussite qui combine une super ergonomie, un design réussi et une rigidité maîtrisée qui n’oublie pas la filtration des vibrations. C’est d’ailleurs à ce niveau que Canyon fait fort car dès la première version de son poste de pilotage monobloc, la marque de Coblence a réussi à préserver le confort. À une époque où la plupart des concurrents proposaient des bouts de bois, il faut le saluer…

Le gain de poids, une obsession

5,9 kg. À ceux qui critiquent le disque, arguant qu’il est trop lourd, Canyon réplique sèchement. L’Ultimate Evo est le vélo disque le plus léger du monde en se situant 900 grammes en-dessous de la limite fixée par l’UCU. Point. Le tout avec des équipements de série, utilisables sur tous types de parcours et par tous les temps. Si le premier Evo se montrait léger côté freinage avec ses étriers THM en carbone, c’est désormais de l’histoire ancienne.

Équipement light mais de série

On retient d’abord le groupe Sram Red eTap AXS. Le top de gamme de l’équipementier américain, toujours à la pointe de la transmission sans fil puisque ni Shimano, ni Campagnolo ne proposent encore ce genre de groupe. Un groupe sur lequel tout a déjà été dit, qui associe une faible masse et qui a donc toute sa place sur ce vélo. On regrettera cependant l’absence de possibilité via Canyon Allemagne de choisir un Super Record EPS qui aurai rajouté une touche d’exclusivité à l’Evo. Canyon France propose toutefois un montage à la carte, sur demande… Je vous ai parlé du poste de pilotage un peu plus haut, petite précision toutefois, celui-ci n’affiche que 285 grammes sur la balance ! La tige de selle est spécifique à l’Evo et est fabriquée par Shmolke. Associée à la selle Selle Italia SLR C59, l’assise de ce vélo affiche une masse incroyablement faible. Les pneumatiques sont eux aussi très légers. Canyon a choisi des Schwalbe Pro One TT Evo, de seulement 205 grammes. Compatibles Tubeless, ces pneus à l’origine dédiés au contre-la-montre offrent une résistance au roulement incroyablement faible. Les sensations devraient être là !

Des roues DT-Swiss d’exception

En effet, Canyon a équipé son Ultimate Evo des roues DT Swiss les plus exclusives : les PRC 1100 Dicut dans une édition spéciale 25e anniversaire qui bénéficient des plus hautes technologies de la marque helvète pour chaque composant. C’est la paire de roues disque à pneus la plus légère fabriquée par DT Swiss avec une masse de 1 283 grammes. Les jantes sont fabriquées en Europe et elles sont plutôt étroites avec une largeur interne de 18 mm et une hauteur de 24 mm. Une priorité donnée au rendement donc. Ce sont aussi les toutes premières roues à avoir inauguré les nouveaux roulements EXP sur les moyeux DT 180 à roulements full céramique. Le rayonnage est un mix de DT Aerolite sur la roue avant et de DT Aerocomp sur la roue arrière pour plus de rigidité. Des roues d’exception vendues aux alentours de 3 000 euros !

Sur la route

L’Evo a cette capacité incroyable de faire passer la plupart des vélos qu’on jugeait très performants pour des ancres marines. Dès les premiers mètres, je retrouve la sensation de découper l’asphalte, de transpercer la route et de rouler sur une pointe diamant. Pourtant les pneus Tubeless sont d’ordinaire avares en sensations et à ce jeu je préfère le boyau. Mais pas ici. Les Schwalbe Pro One TT de 25 mm sont vraiment incroyables. Leur souplesse se ressent instantanément et ils secondent à merveille les roues DT Swiss. Des roues qui me semblaient « frêles » de par leur faible hauteur de jante, mais il n’en est rien. Après quelques accélérations, aucun flottement ne se fait sentir. Leur comportement me rappelle celui des Campagnolo Hyperon, en un poil moins incisif toutefois. En tout cas rien à voir avec les précédentes Lightweight Meleinstein Obermayer qui étaient sur le premier Evo à patins et qui se montraient molles dès qu’on les maltraitait.
Voilà pour mes premières sensations. Évidemment c’est dans les montées que j’attends le plus de cet Evo Disc. Sera-t-il aussi performant et aérien que son prédécesseur ? La masse supplémentaire se fera-t-elle ressentir ? Oui et non ! Oui, l’Evo a toujours la capacité de survoler la route. Quelle que soit la pente, quel que soit le terrain, il est facile. Relancer l’allure se fait sans aucune inertie. Comme si le cycliste pédalait dans l’air. Le vélo réagit comme l’outil parfait sans aucune déperdition. Enchaîner tout de suite sur un autre vélo me donne le sentiment de passer d’une boîte de vitesse à double embrayage à une boîte à convertisseur de couple qui patine. Non, la masse supplémentaire s’oublie complètement. Grace aux roues DT-Swiss qui sont bien plus performantes et rigides que les Lightweight. Ensuite par la rigidité du cadre, parfaitement étudiée. Et cela se ressent. Aussi parce qu’avec 6 kg, l’Evo reste très très léger.
Sur le plat, il ne faut évidemment pas lui demander de se comporter comme un vélo aéro, mais par rapport à l’Ultimate CF SLX, je dois dire que je ne le sens pas moins performant. Plus réactif c’est certain. Monter des roues à profil plus haut le rendra plus à l’aise mais fera perdre cette fameuse réactivité qui est LE point fort et caractéristique de l’Evo.
Dans les descentes, c’est la grosse surprise. L’ancien Evo pouvait déjà se targuer de descendre bien mieux qu’un Cervelo R5 California par exemple, mais son freinage était juste. Il fallait anticiper et cela pouvait rendre compliqué l’approche des virages pour les plus lourds d’entre nous. Le cadre ne se déformait pas mais le couple étriers/jantes était en cause. L’arrivée du disque change tout cela et permet maintenant de profiter au maximum des qualités du cadre dans ce domaine. L’ensemble cadre/fourche de moins d’un kilo est absolument incroyable d’ailleurs dans cet exercice…

Dans le Ventoux, montée et descente

Comment ne pas emmener l’Ultimate Evo dans le Ventoux ? Un col à la hauteur des ambitions de cette machine. Et une montée qui ne m’a nullement déçu. Je peux vous le dire tout de suite, l’Evo est le vélo à freinage disque qui m’a donné les meilleures sensations dans une ascension longue de plus d’une heure. Au sortir du confinement, je ne visais pas mon meilleur temps (qui remonte à mes années de compétition), mais le plaisir de pédaler à nouveau. Et dans cette ascension, l’Evo a révélé son vrai visage. S’il fait le job sur tous les autres types de route, c’est bien dans les ascensions qu’il se démarque le plus. Il vole. Comme s’il effleurait l’asphalte, sans jamais le toucher. Même dans la longue section sinueuse avant le Chalet Reynard, j’évoluais facilement. Dans les derniers kilomètres, j’ai pu terminer sur le grand plateau, ce qui ne m’était pas arrivé depuis bien longtemps. Les roues DT-Swiss sont par ailleurs formidables dans cet exercice. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, de tous les vélos disque essayés, le Canyon Evo est le vélo le plus adapté aux longues ascensions et aux cyclistes de mon gabarit qui changent sans cesse de rythme.
Je me suis aussi précipité dans la descente que j’ai effectuée quasiment à bloc. En dehors du changement de couleur du disque avant (viré au noir), le freinage ne m’a posé aucun problème et surtout j’ai pu me lancer sans arrière-pensée dans cette descente. Ce qui ne serait pas arrivé avec la première version de l’Evo, qui il est vrai, excellait en montagne, mais dont les freins THM en carbone étaient de piètres ralentisseurs, surtout comparés au freinage disque du dernier Evo. Rien qu’en pensant à la masse du cadre (675 grammes), le comportement en descente, sous pression, dans des courbes à plus de 70km/h me laisse sans voix.

Renversant !

À ce tarif, ce vélo est une pure affaire. Une affaire car l’Ultimate Evo est un aboutissement de concept, d’ingénierie et de génie de fabrication. Le cadre est une pure réussite et il est secondé par un équipement juste. L’Evo c’est le seul vélo à disque du marché à 6 kg qui avance vraiment et qui est capable de s’adapter à tous les parcours. À un tarif proche de l’Ultimate SLX, si l’exclusivité ne vous effraie pas et si vous aimez grimper, foncez ! Et même si la montagne n’est pas votre tasse de thé, cette machine vous permettra de rouler plus vite, confortablement et avec des sensations inconnues avec la plupart des vélos haut de gamme. Oui, même en passant au disque, l’Evo reste l’Evo.

Sur le circuit d’essai Top Vélo

L’Evo est la machine à freinage disque la plus légère testée sur notre circuit d’essai. Ultra à l’aise lorsque la route s’élève et que les pourcentages sont élevés, il devra néanmoins se montrer assez performant dans les parties planes…
C’est parti ! Et avec l’Evo, je ne m’embarrasse pas, c’est à bloc tout de suite. L’accélération est fulgurante. La sensation de découper l’asphalte est tout aussi impressionnante que la mise en vitesse. Il n’y a aucun temps mort. La notion d’élastique qui restitue l’énergie prend ici tout son sens. Chose surprenante, sur la route plane des premiers kilomètres, l’Evo se montre à son aise. Les roues à faible profil et sa masse minimale qui lui donne évidemment une faible inertie ne me donnent pas le sentiment de pédaler dans le vide. Non, je sens bien ce vélo qui vit sous mes coups de pédales, et il avance très vite. Comme sur la première génération de l’Evo, le confort est exceptionnel. Plus encore que sur le SLX, pour comparer. La tige de selle VCLS 2.0 n’équipe pas notre vélo qui est équipé d’une tige plus légère fabriquée spécialement par Schmolke. Une réussite car la filtration des vibrations et chocs se ressent bien. Même commentaire pour le poste de pilotage, au passage des dos d’âne on n’est absolument pas secoué.
J’attaque la montée. Première partie assez dure avec jamais moins de 10 % de pente. La rigidité de l’ensemble cadre/roues est parfaite, indéniablement plus efficace que le premier Evo au niveau du train roulant (Lightweight). La puissance passe bien sans flottement et le cadre réagit comme sur le plat. Uniformément et sans point dur. Je passe évidemment avec le grand plateau. Petite récupération avant d’attaquer la deuxième partie. Et grief de ma part contre le groupe Sram eTap AXS. Son fonctionnement bien que bon est relativement bruyant et assez lent comparé à un Dura-Ace Di2 ou un Super Record EPS. Non pas le temps de réaction du dérailleur mais plutôt son temps de fonctionnement. Lorsque je me retrouve au sommet à vouloir repasser sur le petit plateau et remonter toutes les vitesses le plus vite possible (pour retrouver mon souffle), je dois attendre que les dérailleurs fassent leur travail. Même souci en descente lorsqu’on arrive très vite dans un virage et qu’on souhaite remonter plusieurs vitesses d’un coup. La deuxième partie est plus longue mais toujours aussi pentue. Je garde le petit plateau et opte pour une haute cadence de pédalage. La selle SLR C59 est surprenante car sa coque se déforme sous mon poids et permet de me sentir bien calé. Je pédale ainsi efficacement et avec une rare facilité. Arrivé au sommet, il y a un vent latéral important. Avec ses jantes basses, l’Evo n’en souffre absolument pas et je ne ressens aucune gêne dans la direction.
J’attaque la descente le plus vite possible. Le freinage disque Sram s’est bien amélioré avec l’arrivée des groupes AXS et il n’a désormais plus rien à envier à Shimano. Les étriers monoblocs du Red offrent une puissance de haut niveau. L’Evo offre un comportement franchement inattendu en descente. On ne s’attend pas qu’une machine de tout juste 6 kg soit particulièrement à son aise dans cet exercice, pourtant le Canyon excelle. Il se joue des virages et permet un placement très précis, sans jamais ressentir un quelconque flottement. Même en cas de freinage très appuyé. La fourche ultralégère (285 grammes !) ne montre aucun signe de faiblesse. Incroyable. La géométrie est la même que l’Ultimate CF SLX, le comportement est donc celui d’un vélo du Pro Tour mais avec 800 grammes de moins. L’ultime montée présente un asphalte en très mauvais état. Encore une fois je suis surpris par la capacité de l’Evo à transmettre la puissance sans sautiller de l’arrière. Dans cet exercice, il est même plus agréable que son frère SLX. Plus performant ? Sans aucun doute, à mon avis !

Canyon Ultimate CF Evo Disc 10.0 SL

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Plat

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Montagne

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Descente

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Rigidité

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Nervosité

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Rendement

  • Plat 75% 75%
  • Montagne 100% 100%
  • Descente 85% 85%
  • Rigidité 80% 80%
  • Nervosité 90% 90%
  • Rendement 95% 95%

Fiche technique

Cadre Canyon Ultimate Evo Disc
Fourche Canyon F70072 CF Disc
Groupe Sram Red eTap AXS
Roues DT-Swiss PRC 1100 Dicut 25t anniversary Special Edition
Pneus Schwalbe Pro One TT Evo 25 mm
Cintre Canyon CP20 Cockpit CF
Potence Canyon CP20 Cockpit CF
Tige de selle et selle Schmolke TL0 UD Carbon et Selle Italia SLR C59

Équipement

Tenue Top Vélo
Chaussures Ekoi
Casque Ekoi
Lunettes Vuarnet

Tarif & poids

7 499 €
5,9 kg

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