Bianchi Specialissima Disc

Un cadre plus léger, mais un vélo plus lourd avec le passage au disque et l'intégration des gaines

Que reste-t-il de nos amours ?

Le super spécial. Voilà la traduction littérale du mot Specialissima de l’italien au français. Il s’agissait dans les années 50 du vélo « super spécial » qu’on réservait au Campionissimo Coppi. Plus tard, c’est avec ce même qualificatif qu’on nommait le vélo du flamboyant Felice Gimondi. Bianchi a su faire usage de son histoire avec brio en sortant un nouveau Specialissima quelque 50 ans plus tard. Avec le passage au freinage disque ce qualificatif de « super spécial » est-il toujours d’actualité ?

Fulcrum Racing

Mon premier avis

Clairement, je dois avouer que la découverte du vélo par communiqué de presse ne m’a fait ni chaud ni froid. Je n’ai pas ressenti le frisson que j’avais eu lors de la découverte du Specialissima alors que Felice Gimondi soulevait le drap recouvrant la bête. C’était en 2015 et je m’étais déplacé à Franciacorta, aux abords du lac d’Iseo, fief de Riva, pour l’événement.

La couleur Céleste remise au goût du jour dans une pimpante version mate et la ligne d’une pureté presque inégalée m’avait fait fondre. En 2021, le Specialissima s’est allégé en passant de 780 à 750 grammes, toujours en taille 55 et passe enfin au freinage disque et à l’intégration de la câblerie. Que reste-t-il du vélo du Campionissimo ?
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Un cadre plus léger, mais un vélo plus lourd !

C’est une constatation plutôt amère. Plus moderne mais plus lourd, comment est-ce possible ? C’est pourtant le cas de nombreuses autres machines haut de gamme dont les cadres continuent de s’alléger, mais dont la masse totale est en augmentation. En cause directe, l’adoption d’un freinage à disque qui occasionne aussi des roues plus lourdes. Ici, c’est presque 800 grammes supplémentaires qui s’ajoutent, alors que Bianchi a allégé son cadre de 30 grammes. On est pourtant encore bien loin d’un Specialized Aethos ou d’un Factor 02 VAM !

L’arme secrète de Bianchi c’est le Countervail. Un gel que la marque de Treviglio est la seule à utiliser et qui est intercalé entre les couches de carbone et de résine. Il dissipe les vibrations de manière assez bluffante.
La plupart des cadres de la marque sont dotés de cette technologie depuis environ 10 ans.

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Intégration totale

C’est la mode et c’est une caractéristique qu’on retrouve sur la quasi-totalité des machines haut de gamme. Bianchi a pour ce faire adopté le système FSA ACR, qui offre une solution clé en main aux constructeurs. Cela permet de conserver un cintre classique et offre des réglages plus fins qu’un combo tout intégré (aussi disponible sur le Specialissima). Autre point positif au FSA ACR, on se retrouve avec un système bien conçu et facile à entretenir !

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Sram eTap et Vision au programme

Plusieurs montages haut de gamme sont disponibles et Bianchi a mis à notre disposition un vélo équipé d’un groupe Sram Red eTap AXS. Le groupe américain se taille une part de marché importante grâce à son fonctionnement sans fil. Un avantage tant technique que visuel, car outre le fait de simplifier grandement le montage, cela allège particulièrement la ligne du vélo.

Son fonctionnement est très bon, quoiqu’un poil plus lent que la référence Dura-Ace, ou le transalpin Super Record EPS. En effet, jusqu’à présent le fil offre l’avantage d’être plus réactif !
Un groupe Sram Red qui sied bien à ce Bianchi, lui donnant une image « techno » furieusement actuelle. En plus les étriers sont magnifiques. Notez que dans la gamme Sram, seul le Red bénéficie d’étriers monoblocs…
Le reste des équipements est entièrement confié au tandem FSA/Vision avec le cintre et la tige de selle K-Force Light. Un cintre K-Force qui a légèrement évolué avec l’arrivée en masse des groupes à freinage disque. En effet, celui-ci dispose désormais d’ouvertures pour laisser passer les gaines hydrauliques jusque dans la potence. Mention très bien à la tige de selle qui bénéficie d’un réglage simple et ultra fiable.
Le train roulant est très passe-partout. Avec 1560 grammes, les Vision Metron 40 Disc sont désormais dépassées par les nouvelles Metron 45 Disc, bien plus légères (1370 grammes). Pour autant les Metron 40 ne déméritent pas et bénéficient d’une excellente rigidité. Elles sont chaussées sur notre Specialissima de pneus Vittoria Corsa Graphene de 28mm.
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Sur la route

Avec l’usage de Countervail entre les couches de carbone, le Specialissima à patins faisait partie des machines les plus confortables du marché, plus encore que certains vélos endurance, dits confortables.
Bianchi a conservé le Countervail tout en rigidifiant cette nouvelle génération, mais le confort est annoncé comme toujours présent.

Avec l’usage de jantes et de pneumatiques larges comme c’est la norme avec un freinage disque, je trouve même ce nouveau vélo encore plus doux que l’ancien sur ces premiers tours de roues ! Plus doux et surtout infiniment plus rigide. On se rapproche des sensations d’un Tarmac SL7 tout en conservant une filtration des chocs de premier plan.
Au fil des kilomètres le vélo se dévoile et il ne fait nul doute que Bianchi a souhaité faire évoluer le Specialissima vers plus de performance.
C’est lorsque la route est plane que c’est le plus perceptible. Équipé de roues au profil pourtant moyen, il avale les kilomètres à haute vitesse sans réclamer beaucoup d’effort. On dépasse les 40 km/h facilement, ce qui n’était pas le cas avant. Dans les relances, la rigueur de l’ensemble fait des miracles.
Dans les côtes (c’est là que j’attends le plus de ce nouveau Specialissima), l’ancien fait toujours parti des meilleurs grimpeurs du monde et ce Specialissima nouveau cru est assez différent. Très à l’aise dans les pourcentages moyens qui s’effacent avec le grand plateau, il donne l’impression de forcer plus lorsque la pente est sévère, mais je constate que je grimpe quand même assez vite. Les roues Vision ne sont pas idéales dans cet exercice et rendent le vélo moins vif. Par-contre c’est un réel plaisir à relancer, comme sur le plat.
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Très réussi

S’il ne m’avait pas convaincu dès le premier coup d’œil, ce nouveau Specialissima m’a convaincu au fil des kilomètres. Plus rigoureux que son frère à patins, ce nouveau vélo offre un comportement plus typé « pro » tout en gardant la facilité d’usage qu’on a connu. Côté confort rien à dire, Bianchi reste dans le haut du panier. Et dans les descentes, cette machine fait des miracles… Alors oui, le Specialissima délaisse les cyclosportifs légers qui aimaient une machine ultralégère au répondant de feu, mais il contentera les coursiers avides de performance pure, sur tous les terrains. Et ça c’est nouveau !

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Sur le circuit d’essai Top Vélo

Le Specialissima à freinage patin que je connais très bien est une machine ultra facile et confortable. Un formidable vélo, véritable aigle des cimes et idéal pour les cyclistes nerveux.
Ce nouvel opus change-t-il la donne ?

Indéniablement oui et c’est sensible dès les premiers tours de roues, le Specialissima s’est coursifié. Plus rigide, le cadre est mieux « tenu ». On adopte dès lors un braquet assez important, en tout cas plus grand qu’avec le Specialissima à freinage patin qui favorise la cadence de pédalage, la douceur et le confort.
Pour autant, le confort ne semble pas pâtir de cet endurcissement du comportement. J’aborde les dos-d’âne à pleine vitesse sans être secoué alors que les pneus sont gonflés à 7 bars.
À l’entame de la première côte, j’ai pleinement trouvé mes aises sur ce Bianchi. Par ailleurs, mention très bien à la selle Fi’zi :k Argo Vento. Sur le grand plateau, j’aborde les forts pourcentages avec une grande sérénité. Je sens l’inertie des roues (pas vraiment à leur place sur ce vélo dans cet exercice), mais le Bianchi file droit et me permet d’effacer cette première difficulté.
Intérieurement je me questionne « suis-je plus efficace qu’avec la version à patins ? » J’attends la deuxième ascension pour tenter de trouver la réponse. Une deuxième ascension un peu plus longue sur laquelle je mixe petit et grand plateau.
Et si je passe peut-être plus vite avec le Specialissima Disc, celui-ci est certainement légèrement plus exigeant. Il est d’abord plus lourd et quoi que je puisse écrire, la réalité est que ce surpoids se ressent. À choisir, pour grimper des cols je reste sur le Specialissima patins. Néanmoins je grimpe très vite et c’est une réalité. C’est bien en compétition que ce vélo révélera ses talents !
Un peu de plat pour récupérer et j’arrive dans la descente. Rien à dire, le vélo est juste impérial. Le freinage offre une grande puissance modulable et la géométrie qui n’a pas beaucoup évolué permet au vélo de se placer comme peu de machines en sont capables. Bref, un des meilleurs descendeurs du monde !
Dernière ascension, plus roulante. Cette fois l’inertie des roues (et du vélo) opèrent très positivement. Finalement, je trouve que c’est dans ce genre d’ascension que le Bianchi est le plus à l’aise. En tout cas, c’est ici qu’il me donne les meilleures sensations.
La grande descente de retour me permet une fois de plus de juger et de constater de la stabilité impériale du vélo. Surtout, il absorbe toutes les imperfections de la chaussée, me permettant d’adopter une trajectoire ultra-précise, même à plus de 60 km/h !

Bianchi Specialissima Disc

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Plat

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Montagne

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Descente

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Rigidité

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Nervosité

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Rendement

  • Plat 85% 85%
  • Montagne 85% 85%
  • Descente 100% 100%
  • Rigidité 85% 85%
  • Nervosité 80% 80%
  • Rendement 85% 85%

Fiche technique

Cadre Bianchi Specialissima Disc avec Countervail
Fourche Bianchi full carbone
Groupe Sram Red eTap AXS
Roues Vision Metron 40 Disc
Pneus Vittoria Corsa Graphene 2.0 28mm
Cintre FSA K-Force Light
Potence FSA ACR
Tige de selle et selle FSA K-Force Light et Selle Fi’zi :k Argo Vento R1

Équipement

Tenue Ekoi
Chaussures Ekoi
Casque Kask
Lunettes Vuarnet

Tarif & poids

9499 €
7,2 kg

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