Bianchi Oltre XR1

Petit Oltre au grand cœur
La prise en main du vélo me fait entrer tout de suite dans le vif du sujet.
Ça roule très facilement, vite et sans difficulté. Le vélo file à vive allure telle une flèche céleste. L’ergonomie est parfaite de même que la géométrie, typée compétition, qui correspond parfaitement à « l’esprit » Oltre. Ce XR.1 démarre sur les chapeaux de roues. Un vélo qu’on prend même plaisir à regarder lorsqu’on roule, son image se reflétant dans les vitrines par exemple. Le cadre XR.1est celui de la toute première version de l’Oltre, qui a évolué ensuite en XR.2, puis XR.4 (et bientôt XR.3). Aujourd’hui renommé XR.1 pour la cohérence de la gamme, on retrouve un cadre encore tout à fait en phase avec les standards actuels, tant sur le design que techniquement. On pourrait seulement lui reprocher l’absence de freinage de type direct-mount, réservé à l’exclusive version XR.4. Ancien haut de gamme des vélos aéro de la marque, l’Oltre XR1 est désormais l’entrée du monde des vélos aéro du constructeur Transalpin. Signe des temps, la technologie avance et de nouveaux modèles sortent quasiment tous les deux ans. Il faut garder à l’esprit que l’Oltre est un vélo de compétition, à la base étudié spécialement pour les coureurs professionnels. Sa géométrie est clairement orientée vers la performance. C’est un vélo qui ne s’encombre pas d’artifices pour le confort ou les longues distances. Vous désirez un vélo de compétition aérodynamique, bien équipé et au blason prestigieux ? Voilà l’Oltre XR.1.

La différence du montage !
On aime bien le Potenza. Dévoilé l’année dernière, il reprend le look et les technologies du Super Record, qui coiffe la gamme Campagnolo et est bien plus onéreux. La différence se fait surtout sur les matériaux utilisés. Aluminium et acier contre carbone et titane. Des matériaux moins nobles mais un fonctionnement irréprochable. Et surtout la possibilité d’avoir un dérailleur arrière à chape longue pour monter une cassette de 32 dents. Un groupe directement en concurrence avec l’Ultegra de Shimano qui est moins cher mais dont la fabrication n’est pas européenne… Le Potenza sonne juste côté fonctionnement et l’ergonomie des leviers calquée sur celle des groupes EPS est confortable et efficace. Côté gueule, nous vous laissons juger… Regardant les roues qui équipent notre Bianchi, elles semblent sérieuses, même si les Racing 7 LG constituent l’entrée de gamme de Fulcrum. Des roues qui ont bien évolué. Pas loin des 2 kg lors de leur lancement il y a presque 10 ans, les nouvelles Racing 7 LG dépassent à peine les 1700 grammes tout en ayant vu leur jante s’élargir pour monter des pneus de 25mm. Meilleur aérodynamisme, rigidité améliorée avec un nouveau rayonnage et des roues qui sont devenues bien plus faciles à emmener sur tous les terrains. Surtout en montée où on peut enfin prendre du plaisir. Bref, ces roues à moins de200euros la paire méritent qu’on s’attarde sur le sujet. Les autres composants sont logotés Bianchi et ressemblent assez à certains produits Deda-Elementi. La marque ne communique pas sur le fabricant de ses cintres et potences siglés mais après les avoir manipulés plusieurs fois, la qualité de la visserie est bonne et l’ensemble s’avérera fiable. Le retour du cintre, en bas, est très long, ce qui facilitera la prise en mains dans la position basse, tandis que sa partie supérieure courte amène les leviers directement dans le prolongement des bras. Parfait. L’assise qui est bien en phase avec le positionnement « racing » du vélo pourra se révéler dure pour certains. La San Marco Concor ne fait pas dans la dentelle et ne s’embarrasse pas de rembourrage ou autres artifices dédiés au confort. Elle joue uniquement sur sa forme destinée à caler le cycliste. À essayer pour se faire une idée ! Cet Oltre part sur de bonnes bases et l’équipement suffira certes amplement à tous les usages. Néanmoins on imagine bien faire évoluer le vélo avec d’autres roues, en carbone et à profil moyen, pour garder un bon spectre d’utilisation. Pourquoi pas les nouvelles Racing Quattro carbone, pour rester chez Fulcrum ? La ligne du vélo se trouverait ainsi totalement transformée, de même que son comportement certainement amélioré.


Une fois aux commandes, l’Oltre XR1 fait preuve d’un comportement bien typique.
Très facile à basse vitesse, tout semble aisé. La route s’élève un peu en faux plat, pas de problème, c’est tout juste perceptible. Dès que la pente s’adoucit, le vélo accélère tout seul. Son inertie est très bonne, même en descente, là où j’ai un peu de mal d’habitude à suivre plus lourd que moi. Une machine assez facile à basse vitesse donc, mais attention à ne pas se laisser griser par cela. Car lorsqu’on décide d’augmenter la cadence, même si le vélo réagit instantanément, il réclame une certaine dose de puissance pour maintenir un bon rythme de croisière. Un peu comme certains cadres aluminium haut de gamme mais en moins prononcé tout de même. La différence avec les cadres les plus affutés et techniques à l’heure actuelle se fait sur ce point. Leur capacité à rester facile, quelle que soit la vitesse à laquelle on roule. Si vous avez des jambes, un esprit de guerrier et de compétiteur, vous pouvez y aller, le XR.1 ne vous lâchera pas. Lors d’une longue montée, au train, il ne faut pas se relâcher et en garder un peu sous la pédale. En cas de moins bien, le vélo ne pardonnera pas et vous ne pourrez pas vous appuyer sur les roues, qui malgré leur bon dynamisme ne feront pas de miracle. Si vous êtes en grande forme, alors ce Bianchi n’arrêtera pas votre éclat et pourra même le sublimer. Soyez bien sûr de vous avant d’attaquer. Sur le plat, c’est tout autre chose. Le vélo roule bien, très bien même. Pour ma part, sa vitesse de croisière se situe aux alentours de 32-34 km/h, sans grande difficulté. Il réagit bien soumis à un vent latéral, ce qui n’est pas toujours le cas des cadres aux tubes profilés. Le cintre offre une ergonomie très plaisante. La position mains en bas est facile à garder, même sur de longues distances. Bien réglée (je vous conseille d’en peaufiner le réglage lors de vos premières sorties), la selle Concor que je trouve un peu rude parvient presque à s’effacer. C’est surtout un bon point d’appui car elle cale bien le bassin, ce qui permet de pédaler efficacement. Je dois avouer que c’est en descente que l’Oltre m’a le plus étonné. La plupart des vélos aérodynamiques pèchent par leur capacité à se faufiler dans les épingles ou sur les changements d’appui et de transfert de masse. Des vélos bien stables mais peu maniables. Une habitude à prendre, mais lorsqu’on monte ensuite sur un vélo classique, on éprouve la sensation d’être sur un kart. L’Oltre XR.1 n’est pas un kart, mais j’ai été bien étonné par sa capacité à mettre son pilote en sécurité. Un sentiment de sécurité qui permet de se faire plaisir sans avoir peur de ne pas arriver à négocier un virage. Un mot sur le freinage, lui aussi très sécurisant. Puissant et modulable, il est vrai que sur ce point les jantes aluminium sont supérieures à la plupart des jantes carbone. Sauf sous la pluie où le disque est la vraie solution. Mais sur sol sec, le freinage à jante aluminium n’a pas encore dit son dernier mot. Attention, pour obtenir un freinage puissant, il faut des leviers adaptés aux étriers, de bons patins, une bonne surface de freinage sur la jante et une câblerie de qualité. C’est le cas sur ce Bianchi.

Au vu des qualités du vélo on en vient à rêver d’un montage plus haut de gamme.
Mais ça existe, et il s’appelle XR.4 ! Revenons sur terre. Que manque-t-il à ce vélo ? Pas grand-chose. Un peu plus de facilité à l’usage pour qui souhaite rouler vite. C’est là que les vélos ont le plus évolué, en devenant plus faciles. C’est bien là la principale différence avec un top de gamme XR.4. La facilité. Notre XR.1 reste une excellente machine, loin d’être dépassée elle offre un rendement de haut niveau pour peu qu’on ait du carburant à lui offrir. Sa ligne ne laissera personne indifférent et ne vous fera pas passer inaperçu. Un vélo très attachant.
Tarif: 3499 euros – Poids : 7,6 kg