Au soleil du Ventoux

par | Juin 30, 2019 | 1 col, 1 vin, 1 resto

Le mois dernier, à l’occasion du Giro, nous rendions hommage au grand champion Fausto Coppi et son Italie natale. C’est aujourd’hui à travers le grand rendez-vous du tour de France et d’une personne en particulier qu’il va falloir se tourner. Ce monsieur aura marqué, par sa clairvoyance, la grande boucle avec son compère Bernard Thévenet. Un très grand professionnel, soucieux du meilleur, un perfectionniste de talent. J’ai cité Patrick Chêne, ancien directeur des sports à France Télévision.

Une reconversion fulgurante.

Plusieurs grands passionnés ont une carrière professionnelle bien remplie. Souvent, celle-ci ne s’arrête pas forcément là où ils l’avaient prévue… Certains entendent un message… Une sorte d’appel qui va les guider vers d’autres horizons, avec cette certitude très convaincante qu’ils pourront encore avoir des choses à dire dans bien d’autres domaines. Sa voix légèrement rocailleuse résonne encore dans ma tête, les après-midi de juillet ce n’était pas piscine, mais tour de France. Pendant quelques années où ce tandem de rêve sévissait sur le petit écran, j’ai pu apprécier étapes après étapes, la justesse des commentaires et toute la perspicacité que dégageaient ces deux hommes. Mais après tant de temps passé auprès des fans, l’usure commence à se faire sentir et l’on aspire à autre chose. Pour Patrick, ce sera la viticulture.

Après avoir trainé des pieds pour quitter les studios… Patrick pense s’installer dans le bordelais. Puis, une brève visite au pied du mont Ventoux finit par bousculer tous ses projets. Il tombe sous le charme de cette magnifique région, conscient que ce terroir renferme des trésors. Il prétend qu’ici, il va pouvoir s’exprimer à sa guise, tout en trouvant la paix qu’il recherche. Les sols du Ventoux vont lui pardonner cette impertinence. Tout sera bio, calculé, pesé, assemblé avec amour, au rythme des saisons. Ici, chez Laurence et Patrick on ne bluffe pas ! C’est de l’authentique ! Une théorie de la simplicité. Cette théorie, d’après les travaux de Nick Chater et d’autres, fait l’hypothèse que les situations intéressantes sont celles qui apparaissent de manière inattendue comme les plus simples aux yeux de l’observateur que je suis. Au domaine Dambrun, c’est comme ça que l’on voit les choses et c’est parfait. C’est vrai aussi, que la famille Chêne n’est pas venue les mains vides… mais quand les moyens investis, deviennent de vrais outils, il y a fort à parier que ce regard sur l’avenir revendique un sérieux inattaquable. Patrick est fier de nous faire découvrir son domaine très récemment installé, tout a été construit au milieu des vignes, cave, lieu de dégustation etc… le cadre est absolument magnifique. Après quelques problèmes de santé, c’est un homme rayonnant qui s’impatiente à l’idée de nous faire déguster ses dernières productions.

Du rêve à la réalité.

« Pour atteindre la vérité, il faut une fois dans la vie se défaire de toutes les opinions qu’on a reçues, et reconstruire de nouveau tout le système de ses connaissances. »
Je trouve que cette citation de notre cher Descartes va à ravir à cet homme simple et ambitieux qu’est Patrick. A la découverte de ses vins, je (nous) sommes subjugués par l’extrême délicatesse qui se dégage de ces flacons magiques. Que ce soit le Rosé, le Blanc, ou le Rouge, les trois couleurs font preuve d’un équilibre étourdissant. Longtemps j’ai imaginé, à tort, que l’on ne trouverait jamais de vrais grand crus au pied du géant de Provence, mais plus je m’y promène et plus les choses se précisent. A la mise en bouche, le palais révèle instantanément le souvenir de quelques grands vins rarissimes que j’ai pu déguster dans ma vie. Je ne suis plus trop jeune mais suffisamment expérimenté pour me rendre compte que je vais pouvoir continuer à boire des vins somptueux sans attendre des décennies pour les apprécier. Le rouge cuvée 2015 est mûr à souhait. Il développe ses arômes avec une linéarité magistrale sur tout le spectre, du début à la fin, avec des tannins biens fondus, un miracle de générosité. Pour le 2016, un nectar qui n’a que trois ans, on est dans un autre monde, une cuvée d’extraterrestre. Si ces derniers débarquent un jour, ils sauront apprécier le savoir-faire de nous autres terriens. Bref, vous m’avez compris, on touche au sublime. Le plus curieux, c’est que Patrick, même avec une voix aussi attachante, ne m’aura nullement impressionné par la personnalité publique qu’il a été et qu’il est toujours. C’est son incroyable reconversion qui étonne… En tous cas, il faut une sacré dose de ténacité pour obtenir ce résultat. Comprenez que tout ce que je vous dis là sort du cœur, avec une franchise que je ne puis cacher. Je me suis senti par contre très petit devant cette volonté d’offrir le meilleur. Chapeau bas monsieur ! Après pas mal d’années passées dans le service public, j’ai eu le plaisir de vous rencontrer, ça me semblait suffisant. Mais cerise sur le gâteau, vous m’avez comblé de bonheur par votre enthousiasme et votre travail. Longue vie à votre projet.
Après ce bon moment, une autre rencontre toute aussi intéressante nous attend chez Thierry au carrefour de la route de St Pierre de Vassols.

L’Auberge Provençale ou l’Auberge de la bonne humeur ?

On pourrait aussi l’appeler « Carrefour des cyclistes… » Ça défile à tour de bras du matin au soir, surtout des groupes venus de différents pays : Pays Bas, Belgique, Canada, etc… Et puisqu’aujourd’hui nous sommes à la rencontre de phénomènes, nous faisons la connaissance de Betty Kals, la recordwoman qui détient un nombre incroyable de montées du Ventoux côté sud, 8 ascensions en 24 heures… Qui dit mieux ? Décidément, la vie nous apporte toujours son lot de surprise. On en reparle un peu plus tard. D’autant que cette wonderwoman sera notre guide durant la grimpée photo sous l’objectif de l’ami Joël.

Thierry est un homme chaleureux, un vrai, qui aime partager, rigoler et surtout qui aime les cyclistes. Ces derniers temps, sur les routes du Vaucluse et ailleurs, on constate une certaine animosité envers ces derniers. On pourra trouver toutes les excuses du monde à certains automobilistes qui s’impatientent derrière un groupe circulant à vélo, mais cette petite guéguerre est malsaine. Fut un temps, c’était les piétons qui étaient mis en cause… Ils ne laissaient pas la route libre aux ‘’Rois de la bagnole’’… Il a fallu quelques décennies pour comprendre qu’a un moment ou un autre on pouvait devenir piéton… On constate maintenant la même chose pour les vélos, il est dramatique de voir resurgir ce type de comportement inadmissible vis-à-vis de gens qui se déplacent écologiquement. Pour corser le tout, on a même vu des milliers de clous déposés sur les routes menant de Bédoin au Ventoux… . Ça fait vraiment mauvais genre pour la capitale côté sud qui est arrosée économiquement par les cyclos de tous bords. Je m’en remets à la conscience de chacun qui devra forcément évoluer afin de pouvoir renouer le dialogue. Thierry a compris cela depuis longtemps, lui qui exploite l’établissement créé par ses arrières grands parents et vraiment, qu’est-ce que ça fait du bien de rencontrer des gens pareils ! Il a hérité de l’Auberge Provençale, un établissement qui a été transmis de père en fils, respecte avec honneur le travail de ses aïeux et éclaire par son accueil, la tradition conservée du bon aubergiste. Située à un carrefour où toutes les routes mènent au Ventoux, cette magnifique bâtisse respire la Provence. Une vaste terrasse ombragée est à votre disposition. Une salle plus à l’intérieur pour les jours de pluie ou de canicule est également disponible. Les menus sont sans prétentions mais tout est très bon et fait-maison. Ici le cycliste est roi. Je vous conseille sans réserve, surtout après un gros effort, un arrêt avec vos amis. Thierry aura des tas d’histoires à vous raconter. De plus, il devrait proposer prochainement les vins du Domaine Dambrun. Pensez aussi à réserver… Et dire que vous venez de la part de Top Vélo.
L’adresse : Café Restaurant Glacier L’Auberge Provençale Rte de St Pierre de Vassols 84410 Crillon le Brave www.auberge-de-crillon.fr 04 90 65 66 42.

La montée du Ventoux côté sud par Sault.

Pour vous retrouver vers 13 h, confortablement assis pour l’apéro à l’auberge Provençale, je vous conseille de vous rendre très tôt sur le parking de notre rédaction, à côté des écoles primaires de Mormoiron. Tout est indiqué et vous pourrez également venir nous dire bonjour et pourquoi pas partager un café. Une ligne est tracée pour le top départ juste devant nos bureaux.
Je vous propose un très très beau parcours en rejoignant soit St Estève pour l’ascension classique, soit Sault pour une autre ascension vers le Ventoux. C’est celle que nous vous conseillons aujourd’hui. Avec notre amie Betty Kals comme guide.

Méthamis est un village surprenant, perché sur une colonne rocheuse, vous y arriverez en prenant la D942 en bas de Mormoiron puis la D14 sur votre droite, direction Saint-Estève. A Méthamis prendre sur Sault par la D5, c’est la route des cerisiers avec une magnifique vue du Ventoux sur votre gauche, j’adore cette montée par laquelle on peut rejoindre Murs, juste derrière le Col de la Ligne par la D15. Mais arrivé au terme d’une bonne grimpette de 14 km on laisse la D15 à droite pour descendre sur Monieux, toujours par la D5. Attention ! Paysages sublimes qui méritent un arrêt ! Point de vue spécialement aménagé à Saint-Hubert sur votre gauche en descendant. Plus loin, toujours à gauche, c’est la D96 pour rejoindre Monieux. Si vous souhaitez vous y arrêter, c’est au milieu de ce magnifique village que se trouve un des meilleurs Bar Restaurant du coin. Une terrasse ombragée sur laquelle on pourra vous servir à boire avec une vue imprenable sur la vallée de Sault. Ensuite on pique sur la D 942 à la sortie vers Sault. Dépassé le lieu-dit La Loge prenez une petite route sur votre gauche pour attaquer votre ascension par ce côté qui est le plus abordable des trois. Ce sont 21 kms d’une montée assez facile qui vous attendent par la D164 pour vous rendre jusqu’au Chalet Reynard.

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