Édito Novembre 2020

2021. La jeunesse au pouvoir !

par | Nov 18, 2020 | Editos

Tadej Pogačar
Ils ont pour noms Tadej Pogacar, Filippo Ganna, Wout Van Aert, Remco Evanepoel, Mathieu Van der Poel, David Gaudu, Richard Carapaz, Tao Geoghegan Hart ou Egan Bernal. Tous ont au maximum 25 ans. Tous ont durant une saison 2020 cataclysmique relégué au second plan sinon aux oubliettes les champions les mieux installés. A commencer par Fabio Aru, Vincenzo Nibali, Alejandro Valverde et naturellement Chris Froome ou Geraint Thomas. Cette révolution jeune est non seulement une évidence mais un fait majeur alors que se profile déjà la saison 2021. Les millions de fans de cyclisme l’ont compris, le peloton professionnel change définitivement de visage comme de dimension. Reste aux équipes et sans doute aussi aux constructeurs à s’adapter et à faire comprendre aux stars vieillissantes la dévaluation de leur image et donc de leur valeur marchande. Ce qui devrait permettre une redistribution des cartes au profit des nouveaux venus au sommet.
Egan Bernal
Remco Evenepoel
Mathieu van der Poel

A tout seigneur tout honneur, il faut évoquer le prodigieux Tadej Pogacar dont Ernesto Colnago me parlait avec enthousiasme l’hiver dernier.
« Vedrai Salvatore, questo ragazzo sarà un leader. Ne sono sicuro ! » ( Tu verras Salvatore, ce gamin sera un leader. J’en suis certain !)

Grimpeur et rouleur d’exception. Tacticien hors pair. Courageux et inflexible. Sachant se faire des amis partout. Capable des exploits les plus incroyables, aussi. Tadej Pogacar est parvenu à remporter quasi seul un Tour de France que l’on croyait dévolu à la surpuissante équipe Jumbo Visma et à son leader Primoz Roglic. Redonnant par la même au sport cycliste le parfum de l’héroïsme romantique qui lui faisait cruellement défaut depuis une décennie déjà.

L’incroyable affirmation du jeune poulain de Colnago, qui lui doit son retour médiatique au premier plan, ne doit pas occulter les autres protagonistes de la vague jeune. Avec en tête le très prometteur Remco Evanepoel. Ce monstre de puissance qui peut, selon son directeur sportif Patrick Lefevere, viser la victoire aussi bien dans les plus belles classiques que sur les principales courses à étapes. N’en a-t-il pas remporté quatre cette année sur quatre disputées ? Et n’est-il pas déjà considéré comme un nouveau cannibale en puissance ? Quel dommage que sa chute dans le final du Tour de Lombardie l’ait privé de Giro. Nul doute que le jeune Belge aurait dynamité la course au maillot rose. Surtout lorsque l’on considère le niveau très moyen de cette édition 2020. Exception faite évidemment pour l’incroyable performance réalisée par le « demi-vieux » Arnaud Démare dans la quête du classement par points face au mythique Peter Sagan.
Retour sur la jeunesse triomphante avec une seule déception, au passif d’un Egan Bernal littéralement vitrifié par le duo slovène Pogacar-Roglic. Et que dire de Wout Van Aert, exceptionnel, ou de son alter ego Mathieu Van der Poel ? Et que dire encore de l’inimaginable rouleur italien Filippo Ganna ? Considéré comme le nouveau Moser, pluri-Champion du Monde de poursuite et de contre la montre, cet artiste du grand braquet semble capable de porter le record de l’heure au-delà des 60 kilomètres. Inimaginable mais tout à fait possible.

Filippo Ganna

La nouvelle vague est arrivée. Effaçant des podiums les légendes que sont Valverde, Froome ou Thomas. Bonne nouvelle. D’autant que David Gaudu, protégé depuis des années par un Madiot ne tarissant pas d’éloge à son égard, s’est affirmé-libéré en fin de saison sur une Vuelta où l’autre grimpeur français Guillaume Martin (demi-vieux lui aussi) est parvenu à conquérir le maillot de meilleur grimpeur, renouant avec la tradition chère à Cofidis.

Face à cette révolution jeune, comment réagiront les vieilles gloires ? Un début de réponse avec les déclarations de Nibali et de Froome.
Le premier pense que l’âge n’est pas un problème. Le second s’imagine repartir à la conquête du Tour à la tête de sa nouvelle équipe, Israël Academy.

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